Jean-Louis NADAL, Procureur Général près la Cour de Cassation, deuxième dans la hiérarchie de la magistrature française, vient de recevoir un camouflet qui en dit long sur la décadence des moeurs judiciaires dans notre pays, et qui inquiète sur le devenir de notre République.
Dans le cadre du volet WOERTH de l'affaire BETTENCOURT, qui consiste en gros en un soupçon grave de prise d'intérêt de l'actuel ministre du travail, ce très haut magistrat, qui jouit d'une considération et d'un respect unanimes, vient d'écrire au Procureur de Versailles.
Que dit le Procureur Général NADAL à son collègue de Versailles ?
Il lui recommande ( mais à ce niveau, une recommandation a valeur d'ordre ), de demander à M. Philippe COURROYE, Procureur de Nanterre, c'est à dire subordonné du Procureur de Versailles, et qui actuellement est saisi de l'affaire WOERTH-BETTENCOURT, de désigner un juge d'instruction qui s'occuperait de mener toutes les investigations dans cet imboglio financier et politique.
Que fait le Procureur de Versailles ? Il se précipite pour déférer au désir fortement exprimé de son supérieur et écrit illico au juge COURROYE de Nanterre ?
Non ! Il ne fait rien, absolument rien et même - chose incroyable !- il ne répond pas à Jean-Louis NADAL.
Ainsi, le juge COURROYE, contre l'avis de sa hiérarchie, mais avec la protection tacite de son supérieur direct d'une part et, ( cela est à présent dramatiquement évident ), la complicité du pouvoir politique d'autre part, continue benoîtement de "mener" cette affaire, sans s'encombrer d'un juge d'instruction indépendant qui risquerait, sait-on jamais, de découvrir la vérité, que le public finirait donc par apprendre.
Dans notre Justice, l'autorité morale n'a plus de poids, la hiérarchie administrative ne fonctionne plus et les subordonnés, soutenus par le sommet de l'Etat, méprisent les volontés vertueuses de leurs chefs.
Mauvais symptômes pour le pays !