Ce jeune homme de 26 ans est Laurent de Villiers, fils de Philippe de Villiers, député européen, président du Conseil Général de Vendée et président du Mouvement Pour la France.
Il est au centre d'un scandale qui commence à faire grand bruit en France.
L'affaire est d'une extrême gravité parce qu'elle se trouve au croisement de la politique, de la justice, de la famille, de la religion et des moeurs et qu'elle éclabousse un homme d'Etat connu pour son rigorisme moral et son engagement religieux.
Pour un juriste, c'est un cas d'école; pour un écrivain, un sujet de roman; pour un moraliste, un cas passionnant et pour un simple citoyen, un objet de réflexion.
En 2006, Laurent de Villiers, fils cadet de la famille, porte plainte contre son frère aîné, Guillaume, pour viols répétés.
Il accuse son frère d'avoir abusé de lui durant 24 mois, entre décembre 1995 et janvier 1997, d'avoir fait de lui "sa poupée". Ils étaient mineurs tous les deux, Laurent ayant alors 11 ans et son grand frère, 17.
Il décrit ce qui se passait dans la maison familiale de Vendée, au sein de cette famille de 7 enfants élevés par un père qu'il décrit comme absent et une mère catholique traditionnaliste et royaliste, qui ne parle que de Dieu et du Diable.
Quelque chose entre Balzac et Vipère au Poing de Bazin.
Il raconte que sa mère ayant un jour trouvé dans ses affaires un morceau de papier sur lequel il avait écrit une déclaration d'amour enfantine " Géraldine, tu es belle, je t'aime ", elle lui aurait dit en lui citant un père de l'Eglise, Saint Thomas,
" la femme est le premier instrument du Diable " ! Ambiance.
La famille, et en premier lieu le père, effrayée par le scandale, aurait alors organisé une réunion au cours de laquelle son frère Guillaume, tombant à ses genoux, lui aurait demandé pardon pour tout ce qu'il lui avait fait subir.
Touché et convaincu de sa sincérité, Laurent retire alors sa plainte en juin 2007.
Cependant un an et demi plus tard, en novembre 2008, persuadé d'avoir été manipulé par les siens dans le seul but d'étouffer le scandale, il réitère ses accusations et se constitue partie civile.
En mai 2010 le juge d'instruction ayant achevé son enquête, rend son ordonnance de renvoi devant la Cour d'Appel.
Aussitôt l'accusé fait appel, ainsi que le Parquet de Versailles. Celui-ci rendra en décembre de cette année sa décision au terme de laquelle Guillaume de Villiers sera ou non renvoyé devant la Cour d'assises des mineurs ( puisqu'il l'était au moment des faits supposés ).
Sombre et emblématique affaire. Elle cumule les interdits de la loi républicaine, le détournement de mineur, le viol, et ceux, immémoriaux, de l'église catholique, la pédérastie et l'inceste.
Toutes les hypothèses sont crédibles : Laurent de Villiers est sincère et dit la vérité; il est mythomane et a tout inventé; il est manipulé par des adversaires politiques de son père; il a monnayé son mensonge, etc.
Je la suivrai avec attention non par je ne sais quel morbidité qui est aussi éloignée de moi qu'il est possible, mais parce que, quelle que soit son issue, je la trouve à la fois pitoyable sur le plan humain, et cruellement emblématique.
Car si les accusations de Laurent de Villiers sont vraies, ce n'est pas son frère Guillaume seulement qui serait coupable, mais aussi son autre frère, Nicolas, sa mère et son père, qui bien qu'informés des sévices sexuels qu'il endurait, auraient pris le parti du bourreau contre la victime, appliquant à la lettre cette horrible morale du Tartuffe de Molière tripotant sous la table l'épouse de son hôte et de son bienfaiteur :
Le scandale du monde est ce qui fait l'offense
Et ce n'est pas pécher que pécher en silence.
Commentaires
Malheureusement, chère maman, ce terrible fait divers ne témoigne pas d'une dérive particulière de notre société.
De tout temps l'inceste a existé, et ce cas n'est remarquable que par la qualité des personnes concernées.
Il n'en demeure pas moins une affaire hautement symbolique.
il n'y a pas de feu sans fumée ...
qui que ce soit le fautif, on nage dans l'absurdité, le grand n'importe quoi...
Avec ce qui se passe passe en ce moment en France on peut se demander si tout le monde a bien sa tête, s'il y a encore des valeurs et une morale collectives ?
Je refuse le pessimisme mais ne faut-il pas se rendre à l'évidence que la société change dangereusement ?