Rétrocommission , comment ça marche ?
Pour signer un contrat de vente, notamment de produits militaires, mais pas seulement, tous les pays versent des commissions aux personnes qui ont, par leur entregent, facilité la signature dudit contrat.
Cela s'appelle en langage diplomatique une "commission" et, en français courant, un "pot de vin".
C'est amoral, mais c'est légal, et c'est calculé au prorata du prix de vente, et retiré des bénéfices de l'opération.
Cependant, le trafic ne s'arrête pas là.
Il arrive que l'autorité qui signe le contrat gonfle artificiellement le montant des commissions versées aux intermédiaires et empoche la différence : c'est ce qu'on nomme une "rétrocommission", "pot de vin" du "pot de vin".
Là on n'est plus dans la légalité, mais dans la corruption pure et simple.
L'affaire des rétrocommissions de 1994
Souvenez-vous : en 1994, Edouard Balladur était Premier Ministre de François Mitterrand, Charles Millon était ministre de la défense.
Balladur était candidat à la présidentielle de l'année suivante, et Nicolas Sarkozy dirigeait sa campagne, contre le président sortant, Jacques Chirac.
Un important contrat de 826 millions d'euros fut signé par le Gouvernement avec le Pakistan pour la vente de 2 sous-marins Agosta. Les commissions versées à 2 importants intermédiaires avaient été fixées à 10,25% du montant, soit 85 millions d'euros
En 1995, Balladur fut battu et Jacques Chirac fut élu.
Le drame de Karachi
L'une de ses premières décisions fut de diligenter une enquête sur ces commissions versées dans la vente des sous-marins au Pakistan ainsi que dans celle de fégates à l'Arabie Saoudite ( pour un montant de 18% de 3 milliards d'euros, prix des frégates ).
Cette enquête tendit à prouver que d'importantes rétrocommissions avaient été versées à des personnalités politiques françaises pour financer la campagne présidentielle de 1995.
Ordre fut donné par le Président et le Gouvernement de cesser de payer les commissions"légales", soupçonnées de cacher des rétrocommissions.
C'est, selon ce qu'affirment les familles des 11 victimes de l'attentat de Karachi de 2002, ce qui causa ce drame, les intermédiaires "lésés" s'étant vengé de cette ruptuire de "contrat".
On le voit, nous sommes dans une affaire des plus importantes.
Jacques Chirac et son gouvernement savaient-ils qu'en cessant de payer les commissions, ils risquaient de déclencher des représailles ?
Si la réponse est oui, on pourrait considérer que le président Chirac et son Gouvernement sont indirectement responsables de la mort de ces malheureux, et les familles de ces derniers seraient fondées à leur en demander raison.
D'autant plus que selon elles et leurs avocats, c'est pour régler un compte personnel et politique que cet arrêt du paiement aurait été ordonné.
La leçon du drame de Karachi
Mais on peut aussi avoir du même évènement une lecture beaucoup plus morale.
Chirac aurait très bien pu vouloir mettre un terme à ce qui, objectivement, constitue une insupportable corruption, sans être averti des conséquences possibles de sa décision, conséquences qui, d'ailleurs ( si toutefois un lien peur réellement être établi), n'ont de toute façon eu lieu que 7 ans plus tard, en 2002 à Karachi.
En tout état de cause, il est presqu'incroyable de voir reprocher à une autorité politique d'avoir mis un terme à une corruption.
Dans quel monde vivons nous ?
On trouverait normal et sain que des hommes politiques français touchent des pots de vin sur des pots de vin, et on condamnerait celui qui aurait mis un terme au scandale, sous le prétexte que des criminels maffieux se seraient vengés de ce nettoyage ?
Si la vie de 11 hommes n'était pas en jeu, on ne pourrait qu'éclater de rire devant ce renversement des valeurs et les criailleries des donneurs de leçons qui, c'est le moins qu'on puisse en dire, on perdu les repères du bien et du mal.
Commentaires
très intéressant
merçi pour ce blog je reviendrais
Michel