Armoiries de Benoît XVI jusqu'en 2009
Le pape règnant n'est pas favori des médias, contrairement à Jean-Paul II.
Il n'en a ni l'allant ni le charisme, il s'expose moins, il est moins bon comédien.
Mais à petits pas, à petit bruit, il fait preuve, au total, de bien plus d'habileté, d'efficacité et même de modernité, mâtinée de retour à la tradition, comme en témoigne le retour à la tiare ornée de trois couronnes ( "tiara, tribus coronis ornata" ) qui, au début du pontificat avait, à la demande du nouveau Souverain Pontife, été remplacée par une simple mitre ( voir ci-dessus ).
La mitre symbolise le pouvoir spirituel; la tiare, elle, y joint le pouvoir temporel.
L'héraldique a un sens...
Nouvelles armoieries en 2010
Que de chemin parcouru entre son livre, qui vient de paraître, et l'encyclique "Splendor Veritatis", "Splendeur de la Vérité" de son prédécesseur, pleine de fanatisme, de foi médiévale et de relents de reconquista catholique sur les turpitudes de la démocratie !
Benoît XVI a fermé la bouche aux intégristes de la "Fraternité de Saint Pie X", et à leurs émules en les assimilant en douceur.
En toute discrétion et méthodiquement, il gomme les avancées les plus "insupportables" du concile Vatican II, qui écarta tant de "fidèles" de l'Eglise.
Il a entrepris de nettoyer vraiment les écuries d'Augias en portant à la lumière les turpitudes sexuelles d'un grand nombre de prêtres.
Il vient de mettre un terme, timidement affirment certains, au blocage de l'Eglise sur la question du port du préservatif en matière de prévention sanitaire.
En ce sens, comme le disait récemment ce cabotin d'abbé "des loubards", Gui Gilbert, il a permis "qu'on parle de Jésus Christ, et plus de la capote".
Bref, c'est un client sérieux, un respectable et redoutable adversaire.
Commentaires
A mon tour, Monsieur Molla, de vous remercier pour votre commentaire si clair ( remarquable vertu en ces temps de confusion ).
Si j'osais me défendre - mais je ne suis pas attaqué - je dirais que j'emploie le mot "médieval" non pas dans le sens d'obscurantiste ou d'illétré, mais dans celui, faute de mieux, de fanatique.
En réalité je veux désigner par lui une foi sans hésitation, sans préalable, sans doute. Belle en un sens, mais qui ne laisse pas d'être inquiétante pour ceux qui, comme moi, vivent à l'aise dans l'athéisme le plus profond, et qui craignent les débordements de la foi dans des domaines qui devraient lui échapper.
De ce point de vue, d'ailleurs, le symbole du retour de la couronne dans les armes du pape, couronne surmontée d'un globe lui-même surmonté d'une croix en dit long sur l'ambition jamais éteinte de l'Eglise de regner sur l'univers.
Pour Jean-Paul II, permettez-moi, comme lecteur très attentif de ses écrits, de n'être pas de votre avis. Tant mieux pour le débat.
Je me souviens d'une remarque que vous aviez faite sur votre blog à propos d'une position exprimée par le pape (je ne me rappelle plus laquelle) : "Il fait son métier de pape" (je cite de mémoire) qui concluait votre propos. J'avais trouvé cette remarque, sous une apparente banalité, remarquablement intelligente pour qui voulait bien y réfléchir. Celle-ci, qui parle d'adversaire, ne l'est pas moins. Je redoute fort cependant que le terme "adversaire" puisse être pris pour "ennemi" par certains. Ce serait grand dommage pour eux !
Je ne partage pas la vision que vous avez de Jean Paul II qui m'a toujours semblé être ("providentiellement" je crois bien, mais nul n'est parfait) un pape parfaitement de son temps, même et surtout lorqu'on le jugeait à contretemps.
Je regrette en outre que dans l'expression "foi médiévale", le médiéval puisse passer, encore une ... fois, pour péjoratif ! Vous avez sans doute lu avant moi "Pour en finir avec le Moyen Age" de Régine Pernoud qui va à l'encontre de quelques idées reçues et qu'il faut pour cette raison recommander.
Enfin, votre ajout quant aux armes de Benoît XVI (XVI si l'on ne compte pas les anti-papes) est particulièrement pertinent. Merci en tous cas pour cette lecture bien intéressante et qui m'anime par ces temps léthargiques.