Par une votation la Suisse vient de décider que dorénavant un étranger commettant un délit grave ou un crime sur le sol de la Confédération Helvétique, sera expulsé.
Cette fermeté a indigné nombre de nos compatriotes. Pas moi.
Le lointain scandale de l'esclavage, le passé colonialiste de la France du XIXe et du XXe siècles,que la gauche et la droite ont à assumer, le lourd fardeau des horreurs vichystes, l'immigration massive en provenance des anciennes colonies de notre empire, africain notamment, le mauvais traitement infligé aux anciens des troupes coloniales, sénégalais, harkis, etc, tout ce poids du passé peut sans doute sinon justifier, du moins expliquer en partie l'extrême sensibilité de notre classe politique et de l'opinion aux questions liées à l'immigration.
Ainsi obsédés par une sorte de remords collectif, de nombreux français ne peuvent pas admettre le vote que viennent d'émettre les citoyens suisses. Leur indignation est respectable. Elle se double d'une sorte de hargne à l'égard d'un peuple dont les errements passés ( et il y en eut...) ne parvient pas à entamer la bonne conscience.
Pourtant la massive décision des suisses relève du bon sens le plus élémentaire, et l'éventualité que la Suisse soit mise au ban des nations, constituerait un évènement d'une exceptionnelle gravité.
Qui de nous, recevant chez lui un invité, ne le mettrait pas à la porte si celui-ci venait à trahir son hospitalité en le volant, en maltraitant ses enfants ou en commettant une quelconque indélicatesse ?
Quoi qu'on dise, la comparaison avec un foyer domestique est pertinente, pour peu que, comme la Suisse, notre pays se vive encore comme une maison commune, en attendant l'heureuse époque où celle-ci sera l'humanité entière.
Certes, sur le plan éthique, il est évident qu'un homme est chez lui partout, et que l'expulser d'un lieu de la planète pour le contraindre à en rejoindre un autre est une absurdité, doublée d'une violence insupportable.
Tous les humanistes sont d'accord là dessus.
Mais c'est là un monde idéal : ce n'est pas celui où nous vivons, fait de limites, de frontières, de droits et d'interdits.
Dans ce monde-ci,en attendant le paradis promis ( ou perdu ?) l'expulsion hors de la nation des éléments autorisés généreusement à y séjourner est une simple mesure de bon sens, lorsque ces éléments refusent de se soumettre aux lois et aux codes sociaux de cette nation qui les héberge.