Mutatis mutandis, ce qui se passe en Côte d'Ivoire me rappelle des évènements très disparates et distants dans le temps :
- Les grotesques et tragiques combats entre papes et antipapes au Moyen-Age
- La guerre pichrocoline dans mon village de c... en 2008
- La guerre des Miss France ( sauf que les "reines" ivoiriennes sont un peu moins jolies ).
Tous fous...mais pas drôles !
Commentaires
Merci. Je me replonge bien vite dans mon Rabelais, je ne me souviens pas du tout de ce Pichrocole... mais pour ma défense, il y a quelques décennies que j'ai étudié Rabelais... (je pourrais mettre plusieurs "S" à quelques et à décennies....)
@ Hervé Molla
Très joli texte, encore une fois.
Je hurle de rire à l'évocation de la dame au chapeau ("la vieille ", selon Gerra), en mère supérieure d'une abbaye !
Une larme, tout de même, pour notre pauvre pays où même les histrions comme les footeux, les organisateurs de ces shows vulgaires par nature que sont les élections de misses ou les candidats à des micro-mandats, sont désormais incapables de ne pas se diviser.
Dire qu'il était naguère le temple du bon goût, de la politesse exquise et de l'esprit !
@ Comment
Vous voulez, je vois, me contraindre à faire le prof .
Pichrocole ( "l'Homme à l'Humeur Aigre") est un roi de fantaisie, atrabilaire, agité, vaniteux et fou, inventé par Rabelais dans le Gargantua.
Il voudrait conquérir le monde et n'est même pas fichu d'envahir le village voisin.
De là l'adjectif "pichrocolin(e)", employé pour désigner des desseins à la fois malintentionnés, ridicules et infinitésimaux.
Pichrocoline??? De quoi s'agit-il? Merci d'éclairer ma lanterne....
Vos chroniques, cher Monsieur — et en particulier celle-ci, dans sa concision — me font penser à ces chocolats (lorsqu’ils viennent d’un bon confiseur) des calendriers de l’Avent (justement, on y est) qui procurent surprise et réjouissent le goût, et qui donnent raison d’espérer même par des temps où l’avidité, qui est une forme de folie, semble souveraine.
C’est précisément la folie dites-vous, commune à tous leurs protagonistes, qui vous fait rapprocher ces quatre événements a priori disparates mais dans chacun desquels les hommes se sont trouvés, à un moment donné, bel et bien dans l’incapacité de résoudre un conflit. Pour ce qui est du Grand Schisme d’Occident, Jean Favier (in « Les papes d’Avignon », Fayard, 2006) classe ainsi les solutions qui ont été tentées, sans succès, pour y mettre fin : la « voie de fait » (la brutalité aurait pu, comme souvent encore aujourd’hui, l’emporter), la « voie de compromis » (je suppose que la diplomatie avait encore des progrès à accomplir), la « voie de cession » (l’attitude du cédant aurait pourtant été chrétienne). On connait la fin : c’est la « voie de concile » qui résoudra le schisme. Pour l’un des trois autres événements que vous juxtaposez, on redoute bien sûr la « voie de fait ». Pour tel autre, la « voie de cession » a eu lieu, au moins en partie. Dans la guerre des Miss, on n’ose imaginer un crêpage de chignons, ni l’élection d’une pas-si-belle-que-ça, ni une Geneviève de Fontenay fondant l’abbaye du même nom où elle se retirerait. Quant à un concile de vertueuses beautés plus ou moins dénudées, ce serait tout aussi grotesque.
En revanche, non pas grotesque mais grandiose m’apparaît la posture de Pedro de Luna (Benoît XIII) qui, dans l’isolement de sa forteresse de Peñiscola et loin de la folie ordinaire, continuera jusqu’au bout d’affirmer « Je suis » ! Mais c’est hélas trop romanesque pour être entièrement vrai …