تونس
Tunisie
550.000 tunisiens résident en France; un nombre important de français, chrétiens, musulmans, juifs, sans religion, sont des rapatriés de Tunisie et gardent des liens très étroits avec elle. Tous partagent aujourd'hui la joie de leurs compatriotes restés au pays.
En un mois de manifestations qui sont allées croissant en même temps que la répression se faisait de plus en plus brutale et sanglante, le peuple pacifique, raffiné et doux de l'ancienne Carthage a réussi à chasser le président Ben Ali et sa famille affairiste et corrompue.
Tous les républicains se réjouissent de ce départ, et moi, natif d'Algérie, d'une famille installée au sud de la Méditerranée depuis 1830, je suis peut-être plus sensible encore à tout ce qui se passe au Maghreb.
C'est sans doute pourquoi, avant de laisser éclater mon bonheur de voir ce peuple recouvrer la liberté, j'attends de savoir comment les choses vont désormais tourner.
Ben Ali, successeur de Bourguiba, le père de l'indépendance en 1956, est un autocrate. La Tunisie, cependant doit à Bourguiba et à lui-même d'être demeurée, au sein d'un monde arabe travaillé par des forces obscurantistes et fanatisées, un pays émancipé sur le plan des moeurs, de la position des femmes et de l'Education. Ce n'est pas rien et il ne faut pas jeter cela aux orties.
Certes, la lutte anti-islamiste a été le voile (c'est le cas de le dire) derrière lequel le régime s'est caché pour museler la presse et les autres médias, et pour réduire à néant les libertés des citoyens.
Mais, mutatis mutandis, la Tunisie de Ben Ali me fait penser à l'Iran du Shah, à la fois moderne et tyrannique.
Or qui, à la chute du Shah d'Iran, a pris les rênes du pouvoir, sous les applaudissements du monde entier et avec l'aide de la France ? L'ayattolah Khomeini !
Au régime policier et militaire du Roi de Perse, a succédé le plus obsurantiste des régimes policiers et théocratiques !
Je forme des voeux pour que la Tunisie ne suive pas le même chemin. Personne n'y gagnerait, ni le peuple tunisien, riche d'une si belle jeunesse, ni la France, à tous égards si proche de son ancien Protectorat.
Pour l'heure, rien n'est encore définitivement joué, et tout, à tout instant, peut basculer.
Par chance la nature du peuple, son niveau de formation et d'éducation peuvent laisser espérer qu'il n'en sera pas ainsi.
Si c'est le cas, c'est ce qu'il faudra, paradoxalement, mettre à l'actif du président Ben Ali.
Commentaires
J'ai peur que la suite de l'histoire sois bien décevante ..