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Hommage à Jean Dutourd

Des imbéciles ont reproché à Jean Dutourd, lorsqu'après la guerre il a publié Au Bon Beurre, d'avoir ridiculisé la Résistance et glorifié les B.O.F. et le marché noir !

Fallait-il qu'ils fussent de mauvaise foi et que, surtout, ils n'eussent pas lu, ou pas compris le roman !

Dutourd, d'ailleurs, à l'occasion d'une réédition de cet excellent livre, le meilleur sans doute pour comprendre la France de Vichy, a su magistralement et avec cet humour anglais qui le caractérisait, leur river leur clou.

 A tous ces admirateurs du couple Sartre-Beauvoir qui, sans avoir résisté aux nazis ( c'est le moins qu'on puisse dire...) , ont passé à la Libération, eux, les Thénardier des Lettres, pour des maîtres à penser de Saint Germain des Prés, Dutourd répondit à peu près ceci :

" Racine était un assassin, puisqu'il a peint des assassins ! Je suis un collabo, puisque j'ai peint des collabos..."

L'horrible couple Poissonnard, au contraire, a définivement donné un visage à cette France du désonnheur et de la lâcheté cupide.

Lui, le résistant, le gaulliste, l'esprit original et libre qui, tout en étant conservateur, n'a cessé d'être un authentique provocateur a écrit un certain nombre de chefs d'oeuvre.

Je conseille la lecture, parmi tant d'autres de ses bons livres , de Henri ou  l'Education Nationale, des Taxis de la Marne, de 2024, roman "futuriste" à hurler de rire, de l'Ame Sensible, qui vaut bien le S/Z de Roland Barthes et qui a fait pourtant moins de mousse.

Il n'a jamais reculé devant le fait de participer, lui, l'académicien, aux Grosses Têtes de Philippe Bouvard, qui est sans doute l'émission la plus intelligente de la radio française, tellement au dessus des laborieux pastiches de Ruquier.

L'intelligentia bobo qu'il ridiculisait avec tant de verve et de drôlerie ne le lui a jamais pardonné et s'est acharnée à le réduire à l'image d'un médiocre ronchon.

Ronchon, certes il fut. Mais un ronchon de talent; un ronchon fulgurant. Un ronchon moraliste. 

J'espère que la Pléïade, qui a déjà publié tant d'auteurs au talent discutable, aura la lucidité de publier un jour son oeuvre intégrale.

Il l'aurait mérité de son vivant.