L'émission sur TF1 avant hier soir ne m'a pas déplu. Non que j'aie trouvé palpitant cet exposé du programme du Président pour les derniers mois de son quinquennat (et pour la suite), mais parce qu'il m'a paru intéressant de suivre un exercice, à mon avis remarquable, de maîtrise de soi et de rhéthorique.
Un mot sur la forme, pour commencer.
A juste titre on accuse M.Sarkozy de mettre à mal les négations, d'employer un langage inférieur à sa fonction, d'être secoué de tics lorsqu'il parle, etc.
Ces reproches pouvaient sans doute encore lui être faits, mais il a su calmement tenir sans faiblir un discours à mi chemin entre le langage des ministères et celui de la rue. Bref, il a donné l'impression du sérieux et de l'accessibilité, ce qui est une sorte de performance, qu'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore.
J'ai trouvé les quelques réactions hostiles que j'ai pu entendre après l'émission soit tout à fait injustes, soit indigentes ( comme celles de Mmes Guigou eu Le Pen).
Quant à la prestation du journaliste "animateur" et au tri des intervenants censés représenter un raccourci de la France, il y a sûrement à dire.
En ce qui me concerne, je les ai trouvés bien peu combatifs, notamment ( j'y suis particulièrement sensible par mon métier) l'enseignante-formatrice. Mais le titre de l'émission l'annonçait en quelque sorte : " Paroles DE Français", et non pas DES Français.
Pour ce qui est du Président lui-même, j'ai entendu dans ses propos un certain nombre d'arguments sur son action passée et sur ses objectifs qui, quoi qu'on dise, vont obliger ses futurs adversaires à se positionner par rapport à lui.
Pour parler clair, Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et Marine Le Pen ne se sont sûrement pas endormis hier soir.
Un mot enfin de ce qu'il a dit sur l'affaire Tony Meilhon .
Sur ce sujet, je ne suis pas loin de lui donner raison sur le fond, tout en regrettant qu'il ait cru devoir tancer les magistrats et les policiers de façon publique, spectaculaire, donc démagogique.
Mais dans la revendication générale d'une société plus protectrice et plus humaine, l'attitude des personnels de justice, bien que juridiquement et techniquement fondée, ne passe absolument pas.
Tous les arguments, notamment celui qui consiste à dire que le temps du condamné était effectué, que sa dernière condamnation pour outrage à magistrat ne justifiait pas un suivi particulier, etc, tout s'effondre devant l'horreur de son crime (s'il est bien le coupable) et le scandale du manque de réactivité des responsables de la police qui, ayant reçu 7 plaintes de la famille et des proches, l'ont laissé courir dans la nature au volant d'une voiture volée.
Le bon sens se révolte devant une telle cécité qui, administrativement condamnable ou pas, est un scandale en soi.
Ce que N. Sarkozy a parfaitement senti, c'est que, paradoxalement, tous ces non intervenants, s'ils ont juridiquement raison, on tort d'avoir raison.