Je viens de finir de corriger un devoir de mes BTS portant sur le déferlement actuel du parler "politiquement correct". L'actualité vient nous en offrir un magnifique exemple.
Le texte que mes étudiants avaient à commenter donnait des exemples à la fois irritants et comiques de cette nouvelle préciosité, pudibonde et lourde.
Plus de balayeurs, mais des "techniciens de surface".
Il n'est plus acceptable, donc, de parler de gros, il faut dire "des personnes en surcharge pondérale". Les nains deviennent "des personnes de petite taille", les clochards des "SDF", les arabes et les noirs des "minorités visibles" et les pays pauvres des "pays en voie de développement".
Les précieuses du temps de Louis XIII appelaient ainsi les miroirs des "confidents des grâces" et les fauteuils des "commodités de la conversation"...
Eh bien, hier, nous avons eu un festival d'hypocrisie verbale extraordinaire, une leçon de langue de bois.
Il est clair que la périphrase de Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale conte D. Strauss-Kahn disant qu'il "ne représente pas la France des terroirs, de la campagne", vous avait un petit relan pétainiste et antisémite, je ne vous dis que ça.
Mais ni Hamon ni Moscovici, tous deux manifestement touchés à vif par le sous-entendu antisémite, n'ont osé dire clairement la chose.
Tous deux, et les autres commentateurs depuis, s'emberlificotent dans des circonlocutions alambiquées pour ne pas prononcer le mot fatal que je viens d'écrire, pour le suggérer, pour, comme l'écrivait le grand linguiste Oswald Ducrot, "dire et ne pas dire".
Merci à tous pour l'aide précieuse que vous m'avez apportée. Demain, mes BTS en profiteront.