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" Elle (il) ne sera pas mort(e) pour rien"

Il est une phrase désolante et pathétique, qui revient toujours dans la bouche des parents et des amis des victimes de crimes ou d'accidents mortels :

«il ne faut pas qu'il ( elle) soit mort(e) pour rien»

La maman d'une fille battue, violée et atrocement tuée par un jeune déjà connu des forces de police, veut que dorénavant on maintienne en prison ou qu'on contrôle par tous les moyens les jeunes délinquants, "pour les empêcher de  commettre de tels actes ".

Tout un village demande la suppression d'un passage à niveau parce qu'un bus, à la suite d'une terrible erreur de conduite, y a été accroché par un train, "pour que ça ne puisse plus se reproduire"

Des usagers réclament l'édification de barrières automatiques dans toutes les stations de métro parce qu'un fou a précipité un voyageur sur les voies au moment du passage d'une rame : "plus jamais ça !"

Un fumeur invétéré meurt d'un cancer affreusement douloureux; les parents s'en prennent à la firme et demandent que le tabac soit interdit, "pour que cesse ce scandale".

Jour après jour les médias nous apportent un lot de faits divers sanglants qui, la plus part du temps, relèvent soit du hasard, soit de la violence, de la bêtise, de la méchanceté humaines et qu'aucune mesure de précaution, aussi fine et contraignante soit-elle, ne pourra jamais éviter.(*)

On ne croit plus à la fatalité, aux coups d'un destin aveugle.

Alors on fait le calcul des vies qu'une barrière, une caméra, un policier bien placé, une décision administrative pertinente auraient épargnées. Et puis on légifère : on ajoute règlement sur règlement, on complexifie toujours plus les équipements, on se barde de précautions multiples...

Mais un nouvel accident, "imprévu" ( c'est le propre des accidents) vient relancer la machine infernale !

Et à chaque fois, sur les décombres encore fumants, on entend une voix lamentable qui exprime sa douleur indicible et son désespoir en prononçant cette phrase qui, dans notre société sans spiritualité, sonne comme un appel au secours et une espérance terrestre de vie éternelle :

« Elle (il) ne sera pas mort(e) pour rien ! » 

Hélas, malheureux ! On vit et on meurt toujours "pour rien" ! 

Dernière minute en provenance de Tunisie :

« Le père Mark Marios Rebaski a été découvert sans vie à l'école Notre-Dame de la Manouba où il travaillait, Le ministère de l'Intérieur condamne cet acte et regrette cette mort. D'après les résultats de l'enquête préliminaire, notamment la méthode d'assassinat, il croit qu'un groupe d'extrémistes fascistes avec des tendances radicales est à l'origine de ce crime, écrit l'agence.

Le président déchu Zine ben Ali, renversé le mois dernier par un soulèvement populaire, avait réprimé le mouvement islamiste en Tunisie.

Le communiqué du ministère de l'Intérieur cité par la TAP ne dit pas s'il soupçonne des extrémistes islamistes, mais il accuse ces extrémistes de profiter d'une situation exceptionnelle pour perturber la sécurité et plonger le pays dans la violence.»

agence de presse officielle TAP.

J'espère que cet assassinat ne prélude pas à l'arrivée des islamistes au Maghreb. Je ne puis cependant pas m'empêcher de le craindre, malgré tous les discours optimistes et lénifiants (cf. article joint : " chère Tunisie"). Sinon, pour en revenir au sujet de mon article, certains seront morts vraiment "pour rien".