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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 26-03-2011 à 10:40:36

Le FN est-il un parti fréquentable ?

A en croire la plupart des responsables des partis de gouvernement, le Front National, malgré le visage plus amène de sa nouvelle présidente, n'est pas fréquentable parce qu'il n'est pas républicain. Cette affirmation mérite qu'on s'y arrête un moment.

 

 


Je me souviens de François Mitterrand lors du second tour de la présidentielle de 1965, qui l'opposait à de Gaulle. A un journaliste qui lui faisait remarquer que les électeurs qui avaient voté pour Tixier-Vignancour (brillant avocat pétainiste dont J.M. Le Pen dirigeait la campagne) s'apprêtaient à se reporter sur lui, il répondit avec un cynisme que la suite de sa carrière devait maintes fois confirmer : "je ne fouille pas dans les urnes pour savoir qui vote quoi."
Ce petit rappel historique ne me semble pas vain.


Les cris d'orfraie du PS ne doivent pas faire oublier non plus la manoeuvre de 1986 qui consista à changer le mode de scrutin pour les législatives et à faire entrer un groupe parlementaire FN à l'Assemblée.
Durant les 14 années Mitterrand, le FN fut au PS ce que le PC avait été aux gaullistes dans les années 60 : l'utile repoussoir.


Certes en 2002 les socialistes se donnèrent un facile brevet de vertu en appelant inutilement à voter Chirac (le "menteur", le "voleur") au second tour "en se bouchant le nez".

Dans cette circonstance l'attitude d'Arlette Laguillier me parut bien plus digne et honnête, qui partant de la constatation évidente de l'absence de tout danger FN, laissa ses électeurs libres de leur vote.


Et voilà que cela recommence ! On nous refait le coup du "front républicain" !

Le "front républicain", expression qui de façon latente présuppose le non-républicanisme de l'autre front, est un leurre.
Ceux qui y appellent, outre qu'ils confortent le discours d'amalgame du FN, n'ont pas assez confiance dans l'efficacité de leurs mots d'ordre pour y croire eux-mêmes.


Qu'on le veuille ou non, le FN ne fait plus peur aux Français. Tout appel pathétique à le rejeter hors du champ de la politique produit l'effet exactement inverse.
Il est temps de le traiter comme les autres, car quoiqu'on s'efforce péniblement de démontrer le contraire, c'est un parti comme les autres.

Si l'on veut vraiment l'affaiblir, il ne faut surtout pas le stigmatiser et encore moins insulter ceux de nos compatriotes qui votent pour ses candidats.*

 

Il faut au contraire inviter ses responsables nationaux et locaux - et pas seulement Marine Le Pen, qui est assez brillante pour bien s'en tirer -, à répondre à des questions précises sur le financement de son programme, sur ses conséquences nationales et diplomatiques, etc.
Pour l'heure, quelles que soient les criailleries des uns et des autres, notamment des éditorialistes vertueux, je constate qu'on lui sert la soupe en le diabolisant, puisque cela lui évite d'avoir à faire la démonstration de la faiblesse de son programme et de ses propositions.
C'est tout de même curieux qu'on l'attaque toujours là où ça ne lui fait pas mal.

 

* Sophie ARAM, chroniqueuse à la matinale de France Inter les a traités de "gros cons" dans son billet du 23 mars. C'est une injure inadmissible et tout à fait idiote. Rappelons que le FN pour passer de 8 à 16% des voix en moyenne, a bien dû emprunter quelques "gros cons" à d'autres partis...

 

Commentaires

un lecteur le 31-07-2011 à 11:48:03
ne vous en déplaise,vous avez eu toujours ce genre de fréquentationqui vous on desservit.Mais vos origine refont surfaces,malgré-vous.
Hervé Molla le 27-03-2011 à 22:29:44
A propos de mauvaises fréquentations, puis-je relater cher Frank Thomas cette anecdote qui n’est pas trop privée et qui peut trouver une petite place ici ?

Cela se passait pendant la première cohabitation ; Chirac venant d’être nommé Premier ministre.

Une de mes très chères amies, personnalité culturelle de gauche, extrêmement influente bien qu’un peu en disgrâce ces années-là, m’invite à dîner avec quelques autres. Restaurant chic et branché (voitures avec chauffeurs stationnées à proximité, mais j’étais venu par le métro), belle table de douze : deux ou trois nerds récemment évincés de cabinets ministériels, deux ou trois ravissantes pétasses en rupture d’amant pour les mêmes raisons, mais gauche-caviar toujours … et puis, tout de même, pas n’importe qui : André Labarrère (qui n’était plus ministre depuis quelques mois). A un moment, la conversation tourne autour de Chirac. Les petits marquis (et marquises) lui en mettent plein la tête. Je me tiens coi. Cela éveille la suspicion d’une des pétasses au cuir tanné par le soleil du Lubéron. Elle braque sur moi un regard d’autruche découvrant un réveil-matin (qui pourrait bien être une bombe) : « Attention, attention, dit-elle, il y a peut-être un espion de Chirac parmi nous ». Une dizaine de paires d’yeux se tournent vers moi qui dis : « Vous vous trompez, Madame. Vous pouvez bien dire tout le mal que vous voulez de Chirac, cela ne me concerne pas ; moi, je suis un ami de Le Pen ». Stupeur. Les regards s’égarent, cherchant où s’accrocher, et puis très vite se tournent vers Labarrère que chacun des convives reconnait bien sûr pour l’autorité morale ou, au moins, LA référence socialiste. Celui-ci, dupe de rien, s’exclame à peu près : « Ah Jean-Marie ! C’est un très vieil ami – pas un ami politique naturellement – et nous sommes l’un comme l’autre très fidèles en amitié. Vous avez donc bien raison de cultiver son amitié ». Soulagement de l’assistance. « Le Roi te touche, Dieu te guérit ». Le Béarnais m’avait sauvé de mes mauvaises fréquentations …