De quelque nom qu'on les affuble, les petites brutes au front bas envahissent nos villes, nos banlieues en attendant de se répandre sur nos campagnes. (*)
C'est drôle, mais il me semble que les paroles tant décriées de la Marseillaise que d'aucuns pseudo-humanistes aimeraient supprimer, prennent dans les circonstances actuelles une épaisseur et une force extraordinaires :
Contre nous de la tyrannie,
L'étendard sanglant est levé !
Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces farouches soldats
Qui viennent jusque dans nos bras
Egorger nos fils et nos compagnes ?
Il y a 15 jours, un jeune d'Asnières sur Seine, près de Paris, est assassiné par une bande de Genevilliers parce qu'il avait enfreint la loi d'airain du "quartier".
Avant-hier, un jeune homme de Rosny sous Bois dont le seul crime est d'être "sorti" avec une jeune fille du quartier rival, est laissé pour mort après un tabassage sauvage sur les quais du RER.
Ce n'est plus West-Side Story, ce n'est plus la violence esthétique de " Quand on arrive en Ville", c'est une terrible réalité à laquelle il faut mettre un terme par tous les moyens, même brutaux. Car si l'on n'y porte un remède rapide, en s'attaquant à la fois aux effets et aux causes ( ce qui prendra du temps ), nous en arriverons à une situation telle qu'e la connaissent certaines villes du Tiers Monde, comme Kingston en Jamaïque, où il faut ériger des murs entre les quartiers rivaux.
Dépourvus de repères intellectuels, sociaux et moraux, ces jeunes désoeuvrés n'ont plus pour horizon que les limites étriquées de leur pâté de maisons. Tout "étranger" au territoire est un ennemi à supprimer, les filles sont leur propriété exclusive, la loi une contrainte à jeter aux orties.
Quel que soit le vainqueur de l'élection de 2012, il devra traiter ce problème en urgence : c'est une question de survie.
* Il y a 5 ans, devant mon Lycée qui est presque à la campagne, je me suis fait agresser par un petit groupe bruyant et violent. Comme j'essayais de les raisonner , le meneur eut ce mot définitif : " on est chez nous ici ! ".
Commentaires
J'ai tenté un diagnostic, vous proposez deux remèdes.
L'Ecole et l'Armée, différentes voire opposées dans leurs méthodes et leurs objectifs, étaient en effet complémentaires en ceci qu'elles obligeaient l'enfant-roi à considérer qu'il n'était pas seul au monde, que les autres personnes, les autres milieux existaient et devaient être pris en considération.
Cet apprentissage de la modestie, cette ouverture à l'autre, cette évidence d'autres mondes et d'un horizon plus lointain forgeaient ce qu'on appelle un citoyen capable de se situer dans la société et de savoir qui il est, parce qu'il sait qui sont les autres. Cela s'appelle l'intelligence.
Lorsqu'on est réduit à sa petite personne et à son petit environnement, on subi le même sort que les petits poissons mis dans un petit aquarium et qui sont bloqués par cette étroitesse des lieux dans leur développement physique.
La cohésion sociale de la République reposait naguère en grande partie sur deux institutions : d’une part l’école publique, laïque, gratuite et obligatoire ; et d’autre part l’armée de conscription.
Aujourd’hui, l’école est un peu moins publique, un peu moins laïque, un peu moins gratuite et certains la considèrent même comme facultative. Quant à l’armée de conscription, n’étant plus adaptée à la défense de notre pays, elle a été supprimée et, de façon très regrettable, n’a été remplacée par rien d’obligatoire. Les énergies ont toujours besoin d’être canalisées et les missions civiles auxquelles elles pourraient être employées (et qui pourraient être très gratifiantes) ne manquent pas, dans le domaine de l’aménagement du territoire, la valorisation du patrimoine bâti et environnemental par exemple. On objecte le coût, comme si la situation actuelle, et tout additionné, n’avait pas un coût social exorbitant. Une autre objection (et j’entends des cris d’orfraies) tient à ce qu’un service civil obligatoire rappellerait trop les Chantiers de jeunesse !
Cependant, il faudra bien que l’Etat, aujourd’hui tatillon et impuissant à la fois, restaure ici comme dans d’autres domaines sa véritable et légitime autorité ; faute de quoi ces sortes de féodalités nouvelles qui se mettent en place et que rien ne vient tempérer continueront de morceler la République. Quels hommes et femmes politiques auront le courage de s’y atteler ?