Cette dernière semaine des vacances de printemps aura été marquée par deux "évènements" qui partagent un je-ne-sais-quoi de désuet et de comique.
A Londres les noces de deux jeunes gens qui se fréquentent depuis 10 ans, les carrosses, les bibis improbables des dames anglaises et de la première d'entre elle, arborant un ensemble couleur perruche-lutino.
Ferveur d'un peuple pour un "conte de fées" qui raconte la belle histoire d'une " simple roturière " séduisant le prince charmant orphelin et malheureux, et se faisant passer la bague au doigt devant 2 milliards de téléspectateurs. Le sang bleu se mêlant au sang du peuple. Margot pleure, Margot rêve.
A Rome, en latin s'il vous plaît, la "béatification" de l'ancien pape Jean-Paul II, étape indispensable avant la fin du cursus honorum : la canonisation.
Karol Woytsyla, mort d'une terrible maladie de Parkinson a guéri, on nous le dit, une religieuse atteinte de la même maladie ! Nul n'est prophète en son pays...
Il reste aux hiérarques de l'Eglise à trouver un autre "miracle" pour que la canonisation soit possible.
Gageons que devant la volonté exprimée place Saint-Pierre par les fidèles vociférant " santo subito ! " ( "saint tout de suite !"), ce miracle ne tardera pas à être trouvé. Le pape ne peut tout de même pas prendre le risque d'un soulèvement populaire...
Les anglais ont à présent un couple à adorer.
Les catholiques romains, eux, ont une ampoule du sang de Jean-Paul II, prélevé lors de sa dernière hospitalisation et placée dans une chasse précieuse. Du sang rouge, resté liquide sous l'effet des anticoagulants administrés au patient.
Comme celui de Saint Janvier à Naples (*), il finira bien par être considéré aussi comme une preuve de sainteté, parce que des centaines de milliers de malades iront le voir, et que mathématiquement, des dizaines guériront "miraculeusement".
Les médecins qui ont pris la sage précaution de le garder savaient manifestement qu'il faudrait qu'un miracle ait lieu quelques années plus tard. Quelle prévoyance ! Quelle alliance foi-médecine !
On n'arrête pas le progrès !
(*) Rappelons pour mémoire que chaque année une ampoule du sang de ce héros populaire napolitain est sorti de la crypte de la cathédrale où il fige et, manié par le cardinal officiant de liquéfie sous les yeux révulsés de la foule en délire. Si le "miracle" n'avait pas lieu, ce serait signe de malheur sur la ville.
Larousse a montré que ce phénomène était reproductible à volonté avec un mélange de poudre d'orcanette et de sperme de baleine, qui a la propriété de figer à 15° et de se liquéfier progressivement ( en formant un beau caillot rouge cerise flottant sur le "sang" ), à partir de 19 °.
Lorsque Murat mit sa flotte en face de Naples , le cardinal-archevêque lui fit savoir que le sang de San Gennaro ne se liquéfiait pas. Murat lui fit répondre qu'il lui donnait une heure pour accomplir le miracle, après quoi il faisait bombarder la ville. Le sang, miraculeusement se liquéfia...et une fois de plus, sauva la ville !
Je vous prédis que Jean-Paul II fera encore un miracle : le peuple l'exige.