Pour le François Mitterrand d'avant 81, j'ai beaucoup d'admiration.
Une réserve, une forte réserve, pour le combinard IVe République, le ministre non-visionnaire, le sauteur de l'Observatoire.
Mais pour l'opposant au Général de Gaulle, à Pompidou et à Giscard, chapeau bas!
Avoir créé en 1964, - qui s'en souvient ? - ex nihilo ou presque, la "Convention des Institutions Républicaines", parti confidentiel et énigmatiquement positionné et avoir transformé ce cheval de manège en cheval de Troie ;
avoir réuni contre De Gaulle 45% des Français sur son nom au second tour de la présidentielle de 1965, grattant les voix de l'extrême Gauche, de la Gauche, du Centre et de la droite maurassienne;
avoir survécu à mai 68 après avoir touché le fond de la ringardisation et du mépris public;
avoir su, partant de cette désastreuse position et de son minuscule parti, et malgré les divisions historiques, les haines recuites et les rivalités souterraines, constituer le Parti Socialiste à Epinay et en prendre comme tout naturellement la tête;
avoir été capable, après sa défaite de 74 contre Giscard d'Estaing, de garder la direction du Parti durant 7 ans de plus - c'est sans doute le plus grand exploit politicien qui se puisse imaginer - et retourner à la bataille en 81 pour l'emporter enfin et se glisser avec délectation dans les habits du Général et dans les institutions qu'il avait tant combattues et tant décriées !
Après un tel parcours - 40 ans - il a tout vu, tout connu, tout compris. Les 14 années de Présidence qui suivent sont à tout prendre moins époustouflantes que cette ascension lente, méthodique, obstinée.
Certes, il a encore gardé la main : il étouffe le Parti Communiste en l'embrassant et il joue du Front National contre la Droite, comme De Gaulle jouait des Communistes contre la Gauche.
Mais hormis la période de cohabitation avec Chirac où il redevient le virtuose d'autrefois, je respecte mais n'admire plus.
Alors la grand'messe du 10 mai...
Commentaires
Mitterand a été toute sa vie un anti-gaulliste déclaré. C'est lui qui aboli les tribunaux d'exception instaurés par Degaulle, il a également amnistié et réintégré dans leur grade tous les militaires français condamnés par ces mêmes tribunaux.