J'ai toute ma vie été réticent à l'égard les personnages statufiés de leur vivant comme mère Thérésa ( je lui réserve un prochain billet ), De Gaulle ou Badinter. Pour la même raison que je n'ai jamais crié "à bas !", je n'ai jamais non plus hurlé "vive !"
Récemment, j'ai joui avec délectation d'un trop rare moment de vérité. C'était au cours d'un débat télévisé sur l'affaire DSK et ses retombées, auquel participaient Laurent Joffrin, Ivan Rioufol, Frantz-Olivier Giesbert, Philippe Bilger, Robert Badinter, Manuel Valls.
Ce dernier, d'ailleurs, nous gratifia d'une fausse colère qui permit à tous de mesurer à quel point, malgré une certaine resemblance avec le regretté Gérard Philippe, il était un mauvais acteur.
Mais ce n'est pas mon sujet.
Laurent Joffrin n'est pas, d'ordinaire, un journaliste pour qui je ressens une grande sympathie. J'ai mes raisons, elles seraient hors sujet ici.
Mais je dois dire que ce soir là, il s'est en partie racheté.
C'est que depuis 30 ans, Robert Badinter est une intouchable idole de la Gauche.
Avec son épouse, héritière de l'empire publicitaire Bleustein-Blancher, 56e fortune française évaluée à 650 millions d'euros, il forme un couple politique, intellectuel et médiatique qui n'est pas sans rapport avec le couple DSK/Sinclair, même si la comparaison, je le crois, doit s'arrêter là.
L'ancien Garde des Sceaux a parfaitement su capitaliser son rôle dans la suppression de la peine de mort, qui naturellement serait intervenue avec ou sans lui, parce qu'elle était dans l'air du temps .
Depuis, même si son action à la Chancellerie a été faible par bien des aspects, notamment dans le domaine pénitentiaire, il vit sur cet acquis sans que nul n'ose - hormis Joffrin il y a quelques jours - gratter le vernis.
Brusquement, ce 19 mai au soir, on a vu sous le masque du sage, la figure grimaçante de la vanité froissée. Sa défense de Strauss-Kahn fut gênante, la brusquerie avec laquelle il évacua la victime présumée, carrément scandaleuse.
"Où est l'égalité des chances quand en effet l'accusatrice dit "je suis la victime" et qu'on la protège et DSK répond "je plaide non coupable", et qu'on l'accable ?"
En quelques secondes le masque était tombé, et le visage qu'il découvrait n'était pas beau à voir...
Ce fut édifiant.
Depuis ce jour je me demande ce qu'Elisabeth, son épouse, pense de lui, et comment elle regarde cet intransigeant défenseur des droits de l'Homme .
Il est vrai qu'en 2003, dans un essai intitulé Fausse Route, elle écrivait ces mots quasiment prémonitoires :
« À vouloir ignorer systématiquement la violence et le pouvoir des femmes, à les proclamer constamment opprimées, donc innocentes, on trace en creux le portrait d'une humanité coupée en deux, peu conforme à la vérité. D'un côté, les victimes de l'oppression masculine, de l'autre, les bourreaux tout-puissants ».
Ne dirait-on pas que ces mots ont été écrits pour l'affaire de New-York ?
Commentaires
Moi qui ne regarde jamais la télévison, j'ai suivi l'émission que vous signalez.
Badinter m'y est en effet apparu en effet en opposition à son image.
J'ai relevé surtout une méprise de la part de Giesbert qui nous disait en substance (prétendant justifier l'attitude de certains) qu'un ami, c'était quelqu'un que vous pouvez appeler à 3 heures du matin, alors que vous venez de commettre un meurtre et qui accourt pour vous aider à faire disparaître le cadavre.
Eh bien non ! Un véritable ami, ce n'est pas quelqu'un qui vous sert, en quelque sorte, la soupe au quotidien et vous aide une fois à faire la vaisselle, mais plutôt quelqu'un qui vous évite ou vous dissuade de commettre un meurtre.
Il y a certains jours où j'ai envie de tuer (je ne dirai pas qui). En dépit de l'abolition de la peine de mort, de Badinter et de Giesbert, je loue le Seigneur d'avoir de vrais amis qui savent alors me dire "non, ce ne serait pas convenable".
Attendre tout ça pour reconnaitre que le trou du cul de badinter se regarde le nombril quand il parle .........................???