Depuis quelques années, un nouveau prophète fait tonner sa voix : Lilian Thuram.
J'ai déjà eu l'occasion de dire ce que je pensais de ce monsieur, qui se veut une conscience et un guide moral, tout comme les adeptes du CRAN.
Mardi dernier au café de la Paix à Bruxelles, il se rend aux toilettes.
Une serveuse ( décidément, en ce moment, le scandale arrive par le petit personnel...) lui signale que les toilettes sont réservées aux clients.
Cela vous est sûrement arrivé aussi, chers lecteurs; vous n'avez pas été content. Vous l'avez peut-être fait remarquer. Mais avez-vous pensé alors qu'il s'agissait d'un propos discriminatoire et raciste ?
Lilian Thuram, lui, oui.
On lui a refusé l'accès aux toilettes de cette grande brasserie, parce qu'il est noir, il en est convaincu, au point de porter plainte.
A cette motivation évidemment raciste, s'ajoute l'affront de ne pas avoir été reconnu. Preuve supplémentaire des mauvaises pensées de l'employée.
Il ne lui vient pas à l'idée que la dame a pu ne pas voir qu'il était installé et l'a pris pour un passant culotté. L'incident est éloquent et
la question qu'il pose est simple : si la spécificité de M. Thuram eût été moins visible à l'oeil nu, comme d'être trotskiste ou diabétique, ou adepte de la secte des adorateurs du navet, aurait-il dit que la Paix rejetait les révolutionnaires, les malades et les navetolâtres, et lui aurait-il intenté un procès ?
Dorénavant, quand on aura un incident avec un individu appartenant à une "minorité visible", faudra-t-il que cet incident soit mis au compte du racisme ?
Faudra-t-il dorénavant éviter d'avoir le moindre différent avec une de ces personnes sous peine d'être traîné en justice non pas pour l'incident lui-même, mais à cause de la couleur de la personne opposée ?
Ne pourrons-nous plus engueuler qu'un blanc non-chômeur, hétérosexuel et en bonne santé , après nous être assuré qu'il ne soit ni une femme, ni musulman, ni catholique, ni juif, ni ...etc?
Sérieusement, cette police du langage commence à être pesante.
Si l'on n'y prend garde et si l'on accorde la moindre attention à ces dérives ridicules, on ne pourra bientôt pas davantage parler en public que fumer, et il faudra inscrire en gros sur les journaux, les livres et dans les lieux publics :
parler nuit gravement à votre santé
et à celle de votre entourage !