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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 20-06-2011 à 10:40:49

" Casse toi! " " Je me casse !"

Interrogé  par le journaliste Guy Lagache sur la 6 à propos des "dangers du nucléaire", le ministre Eric Besson, visiblement hors de lui, a quitté le plateau en plein milieu de l'émission en lâchant de façon très audible : " je me casse. Fait chier !".

 

 

 

 

 

En plus de la tension  difficilement supportable qui est le propre d'une longue action ministérielle, Eric Besson subit plus que tout autre au Gouvernement, vu sa position atypique d'ancien haut responsable du Parti Socialiste, une énorme pression dans cette période d'intense activité politique qui précède les prochaines élections présidentielle et législative.

De plus force est de constater que le sujet traité par cette émission, les "dangers du nucléaire", est un terrain miné, propice à l'expression de toutes les angoisses et de tous les fantasmes, régulièrement exploités par le millénarisme écologiste.

Ceci peut expliquer que les nerfs du ministre mis à l'épreuve aient craqué d'une façon aussi vulgaire et tout à fait indigne de sa position.
En d'autres temps, pas si lointains, il aurait dû plier bagage sur le champ pour un tel manquement à son devoir de maîtrise de soi et de dignité.

 

On est en droit de se demander comment il se fait que le Président de la République et le Premier Ministre n'aient pas exigé que le ministre présentât ses excuses au journaliste, à la chaîne et aux téléspectateurs,comme la politesse minimale l'eût exigé.

Mais immédiatement après s'être posé cette question qui tombe sous le sens, on se souvient qu'il y a moins de deux ans le Président la République, comme un vulgaire voyou, avait apostrophé un homme dans les allées du salon de l'agriculture d'un regrettable " casse toi, pauv'con ! ".

Or c'est précisément le réflexe pavlovien de recul devant les conséquences du trop fameux "casse toi pauv'con !" qui explique, à défaut de la justifier, l'inaction de Sarkozy et de Fillon au sujet de ce dérapage de Besson.


Imaginons, en effet, que le Premier Ministre ait proposé de virer Besson  : il eût ouvert un front contre le Président, en semblant sanctionner, à travers le dérapage du ministre, celui du Président.

Quant au Président lui-même, comment aurait-il été traité par les médias et par l'opinion alors que sa propre petite phrase est encore dans toutes les oreilles ? Comment, aussi mauvais professeur, aurait-il osé punir son élève ? 
La sanction qu'il aurait décidée contre son ministre, loin d'apparaître comme une légitime punition pour son impardonnable écart de langage, serait apparue comme une façon de faire oublier le sien.


Tout le monde se serait jeté sur lui, et à juste titre, pour la raison qu'il faut être irréprochable pour faire la leçon aux autres, et que l'autorité ne se décrète pas, elle se mérite.
Imaginons ce que le Canard, Charlie Hebdo, les Guignols, les divers éditorialistes auraient pu tirer d'un tel évènement!

 

 Impossible pour l'Elysée de prendre un tel risque.