Il y a deux jours je disais tout le mal que je pensais d'une faiseuse, journaliste médiocre, confondant information et propagande et profitant de sa jeune notoriété pour déverser son fiel.
Qu'il me soit permis aujourd'hui de faire l'éloge d'un jeune et déjà grand professionnel : Thierry Dagiral.
Dans le métier depuis 1991, il entre à RTL en 1994 et présente le journal du soir.
En 1996 il rejoint la rédaction de M6 et présente les journaux du matin et le fameux " Six Minutes". Dès 1998, il se dirige, sur Canal+ qui vient de l'embaucher, vers le reportage.
Canal+ ayant fusionné avec M6, il y travaille et collabore, notamment avec le directeur de l'Express, Christophe Barbier.
Il n'abandonne cependant pas la radio puisqu'il présente "Res publica" sur France Inter tout en travaillant pour l'agence CAPA .
En 2007, il réalise des reportages sur la campagne de l'élection présidentielle, et découvre là une voie qu'il va emprunter avec bonheur.
Après la victoire de Nicolas Sarkozy sur Ségolène Royal au second tour de 2007, il se lance dans un grand reportage sur la vie du Parti Socialiste préparant le Congrès de Reims qui doit voir l'élection du successeur de François Hollande à la Direction du Parti.
Ce grand documentaire de 52 minutes a été diffusé pour la première fois par Canal+ en novembre 2008.
Je l'avais manqué à l'époque. J'ai enfin pu le voir hier soir grâce à sa rediffusion sur LCP, la chaîne parlementaire (souvent excellente, soit dit entre parenthèses).
C'est peu dire qu'on y entre dans les coulisses du Parti.
On entre aussi par l'habileté des prises de vue et du son dans les coulisses des coulisses, et presque dans les âmes des acteurs.
Ce vocabulaire théâtral, je ne l'emploie pas sans raison : c'est une comédie, un drame parfois, qui se déroule sous nos yeux.
Ici, Ségolène, en jeans, répétant les gestes "spontanés" de son grand show du Zénith sous la direction d'une assistante d'Ariane Mouchkine.
Là, Bertrand Delanoë, le visage encore plus frippé et chafouin que d'habitude, fatigué par de longues veilles de tractations, de cigarillos et de bières, repart, dépité et aigre, traînant sa valise, après son cuisant échec de Reims.
Cambadélis, visage de parrain, gominé, insinuant et inquiétant; Fabius, ironique et cynique comme à l'accoutumée; Rocard susurrant une horrible vacherie à l'endroit de Ségolène et de son inaptitude; Aubry, hésitante et gourmande; Montebourg, mi Saint-Just, mi petit marquis; Moscovici, gonflé d'espoir et vite raplapla; Hollande, gros comme Pompidou, courant de l'un à l'autre et s'efforçant d'exister encore, surpris en train de massacrer son ancienne épouse.
Et Ségolène, tout de bleu vêtue, madone et baba cool à la fois, scande devant son public chaviré : FRA-TER-NI-TÉ !
Dagiral a quelque chose de Saint-Simon, scrutant , tel un entomologiste, les attitudes, les regards, les soupirs de la Cour, dans la Grande Galerie, à l'heure de la mort du Dauphin Louis...
Commentaires
J'ai également adoré ce reportage.
Surtout la scéne du Zenith.
Amities
Ledun Jean-Paul