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Les pigeons de Paris.

L'été !

Certains partent, loin ou près, pour changer de décor et de rythme.

Ce besoin n'est pas nouveau, Sénèque, il y a 20 siècles, a écrit des choses définitives là-dessus.

D'autres, les plus sages, si l'on en croit le philosophe, restent tranquillement chez eux et profitent du confort qu'ils ont eu tant de peine à s'offrir.

D'autres enfin, sans bouger de chez eux par obligation ou manque de moyens, bougent sans bouger.

C'est à ce besoin que correspond cette sorte d'illusion, ce trompe-l'œil que la Mairie de Paris, depuis 10 ans, appelle "Paris-plage".

Dans les films d'autrefois, pour évoquer une route qui défile, on faisait passer des images derrière la voiture immobile.

L'acteur s'évertuait de façon plus ou moins convaincante à simuler la conduite, agitant son volant, regardant trop longuement sa partenaire ce qui, dans la vraie vie, les aurait conduit droit au fossé. Les "vacanciers" de Paris-plage sont les acteurs - et les figurants à la fois - d'un film dans lequel la mer, la plage, sont évoquées de façon barthésienne par quelques éléments de décor théâtral.

Un peu comme un menteur place quelques fragments authentiques dans ses bobards pour leur donner un air de vérité.

Du sable, des drapeaux bleus indiquant que la baignade (impossible, évidemment) est permise, des jeux d'enfants,

 et même l'eau de la Seine, contrainte d'imiter la mer.

Devant ce spectacle, on hésite entre commisération, attendrissement ou éclat de rire.

Hier j'étais d'humeur tendre, et je me suis attendri...