Ce soir au journal télévisé de 20h, Mme Chazal, amie de la famille Strauss-Kahn-Sinclair, "reçoit" DSK. Pourquoi ? (*cf. infra)
La question est légitime. D'ailleurs ce n'est pas par hasard que les journalistes de l'Agence France Presse s'en sont émus.
M.Strauss-Kahn est fortement soupçonné d'avoir une constante propension à harceler les femmes ou, comme il le dit, à "tenter sa chance".
Son itinéraire, on le découvre peu à peu, est parsemé d'incidents de ce genre et de plaintes plus ou moins formalisées, dont certaines le conduisent à rendre des comptes à la police et à la justice.
Il y a en France quelques milliers d'hommes - et nettement moins de femmes - qui se trouvent dans sa situation.
A quel titre peut-il, lui, venir "s'expliquer" devant les caméras de la plus grande chaîne de télévision nationale, quand tous les autres ne sont qu'entendus par la police et jugés par la justice ?
M.Strauss-Kahn est un privilégié de la fortune.
Faut-il que ce privilège et celui - si tant est que c'en soit un - de la célébrité, lui ouvrent un droit supplémentaire par rapport aux autres de nos concitoyens ?
Avoir failli être le candidat d'un grand parti à l'élection présidentielle de l'an prochain constitue-t-il un droit à parler les yeux dans les yeux à des millions de Français lorsqu'on est banalement soupçonné de délits de droit commun ?
Je pense tout au contraire que ces circonstances extraordinaires, loin de lui offrir un avantage de plus, devrait l'obliger à être plus discret et réservé que n'importe lequel d'entre nous qui d'aventure se trouverait embarqué comme lui dans de sales affaires.
1789 est un mouvement de révolte contre l'insupportable poids des rentes de situation et des privilèges indus.
Mme Chazal, icône pipolisée de l'information,
et sa boutique TF1 semblent l'avoir totalement oublié.
Moi pas.
(*) Il y a 10 ans exactement, Béatrice Schönberg, autre "vedette" de l'information, "recevait" déjà, au 20 heures, DSK encore empêtré dans les affaires de la cassette Méry et de la MNEF...
Le même jour, après l'interview:
Mme Chazal a joué son rôle.
Après quelques mimiques contrites et quelques mots de repentance, M. Strauss-Kahn , pour tout argument, a brandi le rapport du procureur de New-York.
Il jouait sur du velours, sachant pertinemment que l'immense majorité des téléspectateurs ne le liront pas. Il a donc osé affirmer qu'il est blanchi par un non lieu, ce qui est un mensonge.
Le système américain cale devant le "doute raisonnable" qui dissuade un procureur ( s'il veut être réélu) de présenter à un jury populaire un prévenu qui peut s'en sortir. C'est tout.
Cela n'implique en rien une quelconque innocence.
Quant au numéro d'expert qui a suivi la "confession" contrite, c'est une saynète assez mal jouée qui ne rehausse pas l'opinion qu'on peut se faire de l'acteur.
Mme Chazal a commis une faute en lui offrant ainsi l'opportunité de retrouver un peu de sa superbe sur un sujet qu'il maîtrise, certes, mais qui était absolument hors de propos ce soir.
J'allais oublier son voisin de la place des Vosges, Jack Lang et son thuriféraire attitré, Jean-Marie Le Guen, qui, dès la séance terminée sont montés au créneau : ils ont été parfaitement fidèles à eux-mêmes, effarants.