La négation est une construction syntaxique subtile que certains emploient à tort et à travers. Dans son exercice théâtral d'hier soir, M. Strauss-Kahn en a habilement joué. Comme Bernard Tapie, il pourra se reconvertir en comédien.
Ce n'est pas le cas du procureur de l'état de New-York, Cyrus Vance, qui, à propos des évènements du 14 mars dernier au Sofitel de NY, écrit dans son rapport du 22 août, brandi à quatre reprises par D. Strauss-Kahn hier soir :
«Nous n'avons pas pu établir que cette relation sexuelle a eu lieu sous la contrainte. »
Ce que M. Strauss-Kahn traduit très librement par :
« Le procureur affirme que Mme Diallo a menti.»
C'est ce raccourci qui est un mensonge.
Ce n'est d'ailleurs pas le seul qu'il ait commis. Par exemple il a sans sourciller appelé "fiche d'entrée à l'hôpital", le rapport du médecin qui a examiné Mme Diallo quelques heures après les faits !
Gageons qu'il devra s'expliquer sur ces mensonges lors du procès au civil si celui-ci a bien lieu, car malgré ses coups de menton surjoués, il n'est absolument pas exclu qu'il finisse par chercher un arrangement avec N. Diallo.
En réalité que dit Cyrus Vance dans son rapport ( que l'Express a publié, ce qui lui a valu d'être qualifié par Strauss-Kahn de "tabloïd", au grand dam de son directeur, Christophe Barbier) ?
Il dit que la vérité ne peut complètement être établie sur les faits qui se sont déroulés dans la chambre du Sofitel entre 12h06 et 12h 26.
Cela n'accable pas N. Diallo, pas plus que cela n'innocente DSK, contrairement à ce qu'il a osé affirmer avec un aplomb incroyable.
Il n'a aucunement été blanchi par le fait que le procureur ait abandonné les poursuites. Il bénéficie du doute, ce qui est fort différent.
On a beau être à l'époque de la communication électronique, les vieilles ficelles de la rhétorique cicéronienne fonctionnent toujours, et la preuve est faite une fois encore que le pouvoir appartient à ceux qui savent manier les subtilités de la grammaire.
La négation à la rescousse de la dénégation !
Commentaires
Je n'ai pas suivi en direct l'interview de DSK par CC. Je ne regarde jamais TF1. Je pratique le tri sélectif depuis de nombreuses années alors même qu'il n'est pas encore au porte-à-porte.
Lorsque DSK déclare (presse écrite du jour) "Elle [sa femme] n'aurait pas été comme cela à mes côtés, elle ne m'aurait pas soutenu comme cela si, dès la première seconde, elle n'avait pas su que j'étais innocent", le monsieur parle pour sa femme. Il la prend pour caution, pour alibi ; il la prend en otage et il l'instrumentalise.
"première seconde" !
"su" !
"innocent" !
Pour moi, DSK est un goujat (ses conseillers en communication ne faisant que mettre au clair) jusque dans sa repentance médiatique.
Et dire qu'au pays de l'élégance, certains prétendaient naguère nous le vendre à la magistrature suprême !
Et pourquoi pas un représentant en photocopieurs champion sur son secteur ? Il n'y a certes pas de sots métiers. Seulement de sottes gens qui croient savoir lire les images.