Dans ma longue carrière de professeur j'ai connu bien des mouvements de grève, on s'en doute.
D'une façon générale je trouve les grèves des enseignants absolument contre-productives dans la mesure où elles ne durent qu'un jour ce qui est inefficace et où elles alimentent les discours poujadistes anti-profs.
La seule grève qui aurait une chance d'aboutir serait celle des examens : curieusement, les syndicats "révolutionnaires" s'y sont toujours refusé au nom de "l'intérêt des élèves".
Me dira-t-on un jour ce à quoi peut bien servir une grève qui ne lèserait personne d'autre que ceux qui la font ?
Mais pour ce qui est de la grève d'aujourd'hui, mon refus de la suivre est fondé sur une raison encore bien plus grave.
Car je considère qu'elle est un véritable piège.
Les médias se gargarisent depuis quelques jours du caractère exceptionnel de cette grève : en effet, pour la première fois, enseignants de l'Ecole Publique et de l'école privée vont défiler côte à côte.
Comme si les intérêts de l'une n'étaient pas contradictoires à ceux de l'autre !
Voir des professeurs du secteur public défiler au côté de ceux de l'école dite "libre", peut avoir, au premier abord, un aspect sympathique, républicain, etc.
En réalité, il s'agit d'un piège dans lequel se sont engouffrés des inconscients qui vont mêler à leurs revendications, celles de leurs concurrents les plus dangereux.
Pastichant Coluche, je m'écrie devant cette idiotie des uns et cette rouerie des autres :
« grève, piège à cons !»