N'êtes vous pas, comme moi, un peu fatigué des excès de louanges dont les radios et les télévisions retentissent depuis l'annonce de la mort de Steve Jobs ?
La mort d'un homme après les longues souffrances d'une cruelle maladie est toujours objet de pitié.
Steve Jobs était évidemment un homme inventif, hardi et organisé.
Mais a-t-il inventé l'ordinateur ? Non.
A-t-il inventé internet ? Non.
Il a perfectionné un instrument , lui a donné une forme, un design attractif.
Il a rendu toute une génération d'utilisateurs dépendants de ces gadgets, au point de susciter des sortes d'émeutes à la sortie de chacune des innovations de la firme Apple.
Un "génie", comme le répètent en boucle les journaleux depuis quelques heures ?
Un excellent homme d'affaires qui a su parfaitement exploiter les failles de nos contemporains et qui les a sans doute aggravées.
A entendre ses admirateurs tétanisés par sa mort, on dirait que leur vie a basculé grâce à un téléphone agrémenté de fonctions toutes plus superflues les unes que les autres.
Comment vivre, en effet, sans ce petit écran portatif qui donne l'heure, fait vos comptes, vous sert d'agenda, de téléphone, de télévision, d'ordinateur, de réveil matin ?
Il y a la vie avant Apple, l'Iphone et l'Ipad et la vie après !
Les médias, moutonniers et excessifs par nature et par fonction, en arrivent même à passer en boucle un discours que Steve Jobs prononça il y a quelques années, alors qu'il se savait déjà gravement malade, devant les étudiants de je ne sais quelle université américaine.
Un tissu de lieux communs élimés, d'emprunts aux philosophes présentés par lui comme sa vision personnelle de la vie et de la mort à peine digne d'une médiocre dissertation de baccalauréat.
Je dois dire que bien qu'il s'agisse de la disparition d'un homme, la vision de ces clients éplorés venant déposer des fleurs, des bougies et des pommes devant les succursales de la firme Apple aurait de quoi me faire éclater de rire.
Je le répète, la mort d'un homme est toujours triste, mais plus triste encore me semble le spectacle de la bêtise.
Nous assistons à une extraordinaire scène tragi-comique avec mise en abyme: le vulgarisateur de l'ordinateur portable bénéficiant, bien malgré lui, de l'immense réseau de la toile pour ses obsèques planétaires !
On voit à quel point les cerveaux ont été abîmés par les "inventions" de Monsieur Jobs.
Commentaires
Comme l'on dit dans ces cas-là, il faut savoir garder juste raison... Et là le terme "génie" ne s'applique pas.
Bravo pour ce blog très intéressant!
Monsieur,
Quel plaisir de lire ce billet !
En effet, comme vous le dites si bien cela en devient grotesque de devoir le comparais à Einstein , Edison, Galilée voir Léonard de Vinci.
Certes, cet homme a su anticiper les besoins (de consommation), mais il n'a rien apporter de concret à notre Espèce.
Il a été très fort dans le fait de créer des besoins non fondamentales ( de pur plaisir).
Pour ma part, il reste très loin du Génie de Mozart, Vinci ....
Il y a une chose qui me rassure dans ce monde, Génie ou pas, c'est notre égalité vis à vis de la Mort.
La Mort est notre dénominateur commun.