Depuis 1952, grâce à Pierre Mendès-France, notre pays a fait le choix de produire une part de plus en plus importante de son électricité à partir de la fission nucléaire contrôlée.
Dès le début de cette nouvelle révolution industrielle un certain nombre de voix se sont élevées pour en dénoncer la dangerosité.
La fin atroce de Hiroshima et de Nagasaki, au Japon, sous deux bombes atomiques américaines, la vision répétée et effrayante aux actualités cinématographiques, des champignons atomiques américains puis anglais et français au dessus des déserts ou de l'océan Pacifique, tout concourrait à faire planer au dessus des populations une sorte de crainte proche du cauchemar.
Cette peur panique de l'explosion accidentelle d'une centrale ou la crainte insidieuse et rampante de fuites radio-actives invisibles et mortelles est encore bien présente.
Chaque incident, aussi mineur soit-il, et même sans aucun danger pour la santé humaine ou pour l'environnement, réveille cette sourde angoisse alimentée par une propagande de type millénariste entretenue par les ennemis de l'industrie nucléaire et relayée par les médias.
L' accident de Three Mile Island en 1979, celui de Tchernobyl en 1980 et celui, d'un tout autre genre, mais particulièrement spectaculaire de Fukushima en mars de cette année ont à chaque fois réveillé ces peurs et alimenté la propagande de plus en plus violente des anti-nucléaires.
Bien qu'il soit évident pour toute personne sereine et de bonne foi que les conditions dans lesquelles a eu lieu ce dernier accident ne pourront jamais être réunies dans aucune des centrales nucléaires françaises, les ennemis de l'industrie nucléaire pratiquent tous les jours un amalgame qui, s'il peine à convaincre nos concitoyens pleins de bon sens, n'en entretiennent pas moins une sourde angoisse, dont ils savent jouer politiquement.
Jusqu'à présent, pourtant, un consensus réunissait toutes les grandes familles politiques de droite et de gauche autour de la nécessaire indépendance énergétique que le nucléaire donne à la France.
Pour des raisons électoralistes, et parce que les Verts, qui viennent d'obtenir un groupe parlementaire au Sénat, veulent en avoir un dans le lieu où tout se décide, l'Assemblée Nationale, ce consensus historique est en train de se fissurer.
Le Parti Socialiste, soucieux de réussir l'union de toutes les sensibilités de la Gauche pour le second tour de la prochaine élection présidentielle, adopte une position qui consiste à dire qu'il tient à conserver à la France 50% d'énergie d'origine nucléaire à horizon 2025 et à développer, pour remplacer les 25% ainsi supprimés, les autres sources d'énergie, notamment celle produite à partir des forces de la nature, celle qu'on qualifie de "renouvelable".
Cette perspective, en soi, n'a rien d'absurde, et sans doute est-il souhaitable que notre pays ne mette pas, comme on dit, tous les œufs dans le même panier.
Cependant les citoyens, avant d'engager aussi lourdement l'avenir de notre pays et de toute son activité économique ont besoin d'une sérieuse clarification.
Les slogans et les "vérités" approximatives ne sauraient leur suffire à se faire une opinion claire sur cette question vitale.
Je pose donc les cinq questions suivantes aux socialistes et à tous ceux de mes lecteurs qui pensent avoir des lumières sur ce sujet complexe et technique :
1) Puisque l'argument principal que l'on entend dans la bouche des responsables socialistes est la dangerosité de l'industrie nucléaire civile, pourquoi maintenir 35 réacteurs en service, soit 50% de notre production en mode nucléaire ?
Question subsidiaire mais capitale : quels sites seront fermés, et selon quels critères ?
2) A quoi servira, dans cette perspective, la nouvelle centrale de Flammanville, tête de série de la 3e génération de centrales nucléaires, capable d'utiliser le combustible MOX à 100% ?
3) Alors que le principal argument des partisans de l'industrie nucléaire est l'indépendance énergétique de la nation, les anti, renversant l'argument, soulignent la dépendance de la France qui ne dispose sur son sol que de 1% des réserves mondiales d'uranium, et qui s'approvisionne pour l'heure exclusivement à l'étranger, singulièrement au Niger.
Sachant que les réserves mondiales sont à la fois immenses, et réparties sur l'ensemble de la planète, sur quoi se fonde cet argument ?Pays producteurs d'uranium en 2011
Réserves mondiales d'uranium
4) Par quoi précisément, c'est à dire de façon chiffrée, seront remplacés les 24 réacteurs supprimés ?
Quels sera le nombre d'éoliennes, la surface de panneaux photovoltaïques, le nombre d'usines géothermiques, le nombre de barrages hydro-électriques ? Quels seront les emplacements choisis ? Quels seront leurs coûts ?
5) L 'expérience du Danemark et de l'Allemagne montre que les énergies renouvelables étant soumises aux aléas météréologiques, il faut prévoir de les coupler avec des unités de production électrique fonctionnant aux énergies fossiles ( gaz, fuel et charbon), productrices de gaz à effet de serre.
Quel impact la reconversion énergétique envisagée aura-t-elle sur le réchauffement de l'atmosphère ?
Les économies d'énergie chez les particuliers et dans l'industrie, pour indispensables qu'elles soient, ne suffiront pas, chacun le sait, à compenser l'augmentation continue de la demande en électricité.
La question énergétique est vitale pour l'avenir. Les Français ont droit à une information dépassionnée, impartiale, claire et complète.
Commentaires
Il est tout de même curieux que les crétins anonymes qui éructent régulièrement leur bile puante dans leurs"commentaires" soient silencieux dès qu'on demande de réfléchir un peu et surtout de développer des arguments.
Curieux ? Vraiment ?