On vient d'assister à un de ces revirements dont l'approche des échéances électorales sont porteuses. Non pas celui d'Arnaud Montebourg, nouvel émule de François Hollande à propos duquel il affirmait pourtant en 2007 qu'il était le "seul défaut" de Ségolène Royal, mais celui, moins attendu, de Manuel Valls.
Ce bouillant jeune député-maire, promu au sommet de l'équipe de campagne de Monsieur Hollande est un adversaire de la TVA sociale.
Il déclare à ce sujet :
«La TVA sociale, cela paraît extrêmement court, peu imaginatif et pas efficace.»
Il y a deux mois, seul parmi tous les candidats aux primaires socialistes, il se déclarait favorable à la création immédiate de ce système en affirmant qu'il permettrait de :
«sauvegarder nos emplois et de rendre nos entreprises plus compétitives».
Edifiant, non ?
Commentaires
Merci, merci mon cher Hervé. Cette anecdote est un apologue.
A mon tour, en plus bref.
Il y a 30 ans, nouveau venu dans mon village, je recevais à ma table le maire de l'époque et quelques amis.
Le maire, brillant énarque et polytechnicien aperçoit les oiseaux, les poissons, le chien, le chat dont j'étais entouré.
" A quoi te servent-ils ?" me demande-t-il.
J'en ai encore froid dans le dos.
Un peu comme quand des parents d'élèves me demandent " le latin, pour quoi faire ?"
Alors, la gentille anecdote (plus étonnante qu'un Da Vinci Code convenu et grandguignolesque) pour un public authentiquement curieux ...
Cela débute un après-midi de juillet ou d’août, à la fin du siècle dernier, alors que je suis en résidence artistique au château de Cassan, à quelques kilomètres des plages du Languedoc, bondées à cette époque de l’année.
Fondé au XIe siècle, nécropole des Trencavel, Cassan est un ancien prieuré de chanoines réguliers devenu richissime au fil des siècles. Sous Louis XV, l’avant-dernier prieur commendataire (qui sait vivre) réalise une partie du magot : s’il conserve l’énorme église romane (pouvant toujours servir dans la même fonction), il fait raser la plupart des bâtiments médiévaux pour édifier à leur place et à grands frais un gigantesque palais dans le goût du temps. Bien lui en prend. Saisi à la Révolution, Cassan peut continuer de servir comme demeure de plaisance et échapper ainsi au sort d’autres abbayes devenues inutiles.
Tout au bout de la galerie du premier étage du palais abbatial qui dessert les treize anciennes « cellules » des chanoines, j’ai installé mes tréteaux et mon matériel : massicot, emballages de produits alimentaires de la grande distribution (dont du papier-argent « de chocolat »), carton ondulé, bobines de coton câblé avec lesquels je constitue des sortes de paquets-cadeaux ; modules de 5 x 5 cm et d’environ 2 cm d’épaisseur.que je contrecolle ensuite sur des panneaux eux-mêmes carrés. Il s’agit de matérialiser, après les avoir recensées, les possibilités d’intersection d’une horizontale et d’une verticale dans un format choisi de 13 x 13 modules : 30 possibilités plus une toute particulière, d’où 31 panneaux de 169 modules chacun. C’est dire que je travaille bien au-delà de semaines de 35 heures qui existent déjà me semble-t-il, sans être animé cependant par l’espoir de « gagner plus » car la notion n’a pas encore été conceptualisée.
J’ai déjà pas mal avancé dans ce « work in progress ». Plusieurs panneaux sont réalisés et accrochés sur un mur monté tardivement, en carreaux de plâtre, voué à la démolition lors des prochains travaux de restauration car il sépare de façon incongrue la galerie de la chambre dite « de l’évêque ». Au moins, sert-il pour l’instant à accrocher mes panneaux. Le matin, la mosaïque des modules d’emballages de produits alimentaires, vue depuis l’arrivée de l’escalier à l’autre extrémité de la galerie, a l’air de vitrail (la galerie, éclairée par treize immenses fenêtres, donne plein Est) et l’après-midi de céramique. Le travail s’effectue en public, mais l’interdiction de donner des cacahuètes à l’artiste n’est précisée nulle part. Ce serait inutile : en plein été, alors qu’il pourrait profiter des joies de la plage, le public qui vient visiter un monument historique perdu dans les vignes et les garrigues est nécessairement un public de qualité.
Je me méfie quand même car l’œuvre porte le titre « Sans Judas, pas de Christ ? ». « Parler de corde dans la maison d’un pendu » pourrait bien être l’un des nombreux reproches auxquels m’attendre…
Arrive une famille : le père, la mère, la grand-mère (visiblement mère de madame puisqu’envuittonnées l’une et l’autre), ainsi que la fille ; une petite jeune fille en fleurs qui a l’air à la fois très fragile et très déterminé. La mère [enjouée] : « Des petits papiers, des petits papiers … expliquez-nous ce que vous faites avec tous ces petits papiers ! ». « Never explain, never complain » est-il recommandé ; néanmoins, je m’exécute en partie et mes explications ont l’air de satisfaire la dame enjouée. Et blablabla et blablabla. Ouf ! Alors la jeune fille [me fixant de ses grands yeux de criquet d’après l’Apocalypse dans lesquels je lis un incroyable désarroi auquel elle m’intime de mettre fin en répondant à sa question, transfixiante comme une douleur] : « Mais pourquoi vous faites ça ? Ça sert à quoi ? »
J’oublie l’image du criquet affamé et je bredouille quelque chose comme « l’art, c’est comme l’amour ; ça ne sert à rien, mais ce n’est pas grave de ne servir à rien » qui, à défaut de me convaincre tout à fait, me rassure d’avoir convaincu un peu, me semble-t-il, et peut-être ainsi rassuré.
Malheur ! Quelques années plus tard, à des milliers de kilomètres du Languedoc, le hasard me fait rencontrer à nouveau et fréquenter la famille qui m’a oublié et à laquelle je me garde bien de rappeler l’épisode de Notre-Dame de Cassan. Le père est toujours aussi éteint. Les mère et grand-mère ont abjuré Vuitton® au profit d’Hermès® qui les sert mieux. En travaillant dur, la fille a obtenu plusieurs diplômes de second ordre dans le commerce international et même l’un délivré par une succursale de Sciences Po. dont le père fait grand cas. Elle est devenue aussi gravement anorexique.
A quoi peuvent bien servir en effet toute cette nourriture, tous ces emballages de produits alimentaires de la grande distribution, ces œuvres d’art qui ne tiennent pas dans les appartements et qui de ce fait sont invendables même au smic horaire, l’amour, les abbayes et les blogs ? Et les déclarations successives et contradictoires de Manuel Valls qui serait bien surpris d’avoir réveillé tout ça ?
Pas ! Il manque un "pas" : vous massacrez le regretté Desproges, "curieux"...
Curieux de quoi, au fait ? Pas du sens des articles que je m'efforce de rédiger clairement, en tout cas.
Votre commentaire ne commente rien du tout et révèle un syndrome inquiétant : celui de l'espionnite aigue, de la cinquième colonne, etc.
N'auriez-vous pas lu ce navet de Da Vinci Code, par hasard ?
J'ai ma petite idée sur l'utilité de ce blog.Très souvent je pense qu'il frise l'insolence pour mieux provoquer des réactions d'où qu'elles viennent.L'auteur prend ainsi la température politique à l'instant "T".Très souvent çà frise la "provoc".Que ce soit en politique,en laïcité,en religion,etc..Mais cela fait-il partie d'une déviation de la démocratie?Je ne retiendrais qu'une chose :On peut rire de tout,mais avec n'importe qui.
Eh bien, j'insiste !
Puisqu'il est question d'utilitaire (comme mon véhicule du même tabac qui me sert, entre autres, à draguer les gonzesses icauniaises [sic]), la question n'est pas tant de savoir « à quoi » ce blog est « utile », mais à qui.
« A quoi » est tout à fait secondaire puisque chacun en fait ce qu'il en peut.
A moi, ce blog n'est pas seulement utile mais agréable, choses rares qui me sont précieuses. (Devinez laquelle est la plus rare et précieuse).
« Joindre l'utile à l'agréable », c'est (sans cynisme) bien plus qu'un art : un art de vivre. Les gavés du pouvoir d'achat en manquent-ils ?
En plus, c'est gratuit !
PS : Si quelqu'un insiste, je propose une gentille anecdote sur le « à quoi ça sert ».
Cher concitoyen, poser la question c'est y répondre.
Quelle est l'utilité de ce blog ?