Le bouillant Manuel Valls vient encore de lâcher une de ces bourdes dont il semble qu'il devienne coutumier. Interrogé sur RMC hier matin, il déclare sans hésiter que François Hollande a l'intention de supprimer le quotient familial.
Hier matin Manuel Valls, directeur de la communication du candidat Hollande, annonce la suppression du quotient familial.
Emoi, on s'en doute, devant une telle annonce, qui remet en cause tout l'édifice fiscal de la politique familiale de la France mis en place depuis la Libération.
Petit rappel
Ce dispositif fiscal mis en place par le Gouvernement Provisoire du Général de Gaulle le 31 décembre 1945, vise à favoriser la natalité en France, ce qu'il est arrivé à faire de façon exceptionnellement réussie.
Cette politique familiale, en effet, l'une des meilleures au monde, représente 3,8% du PIB de la nation contre 2,4% dans les autres pays de l'OCDE. Le résultat en est suffisamment connu pour qu'il ne soit pas nécessaire d'y insister.
Depuis 1945, d'ailleurs, les divers gouvernements qui se sont succédé l'ont complété par des dispositifs particuliers allant tous dans la même direction :
- allocation de rentrée scolaire en 1974,
- allocation de parent isolé en 1976,
- aide personnalisée au logement en 1977,
- aide aux familles nombreuses en 1980.(*)
Autant dire que l'annonce de M. Valls a fait l'effet d'une bombe.
Cacophonie et harmonie
Aussitôt, donc, le candidat François Hollande s'est activé pour la désamorcer en affirmant qu'il n'avait pas l'intention de "supprimer", mais de "moduler" le quotient familial.
Pour achever cette cacophonie, Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances de l'Assemblée Nationale, a jugé bon de mettre tout le monde d'accord avec une de ces motions de synthèse dont les socialistes ont le secret et qu'ils ont mis au point congrès après congrès.
Je vous en livre le verbatim, véritable régal qand on aime la langue de bois :
«Si Manuel Valls parle de "suppression", c'est parce qu'il veut, par la réforme, aboutir à une distribution qui soit juste. Et si François Hollande parle de "modulation", c'est parce qu'il estime que cette enveloppe doit être distribuée selon des critères transparents et compréhensibles.
Il faut donc moduler, c'est ce que dit François Hollande.
Il faut donc supprimer, c'est ce que dit Manuel Valls.
Il faut supprimer un système injuste en le modulant pour le rendre juste ».
C'est beau hein !
Il faut supprimer,
il faut moduler.
Il faut donc supprimer en modulant...
moduler en supprimant.
Après la cacophonie, l'harmonie...
ou l'harmonie après la cacophonie.
(*) 1) On notera que toutes ces innovations sont le fait de gouvernements "de droite".
Lorsque Lionel Jospin devint Premier Ministre à la suite de la victoire de la gauche aux législatives de 1997, il mit le quotient familial sous conditions de ressources. Son gouvernement retira cette mesure impopulaire et contre-productive dès 1998.
L'année suivante il baissa le plafond du Q.F. ce qui se traduisit par une substantielle augmentation de l'imposition des familles moyennes.
2) L'actuelle proposition de François Hollande se situe dans cette lignée.
Il s'agirait de mettre en place un crédit d'impôt d'un montant fixe.
La Direction du Trésor a calculé que les ménages gagnant moins de 4000 € par mois seraient légèrement gagnants, mais que 55% des couples ayant 2 enfants paieraient environ 1000€ d'impôt supplémentaires et que 31% des couples avec 3 enfants paieraient 2750 € de plus.