Les deux drames de Toulouse et celui de Montauban ont raffermi l'unité nationale et fait baisser d'un cran la tension de la campagne présidentielle.
La main sur le cœur les candidats et les responsables des partis se succèdent devant les caméras et les micros pour dire qu'en aucun cas ils ne veulent en quoi que ce soit récupérer ces meurtres à des fins électorales.
Pour mieux se faire entendre certains sont même allés jusqu'à se rendre à Toulouse ou, hier soir, à la synagogue de la rue Notre Dame de Nazareth à Paris. La belle unité nationale !
Mais pendant ce temps, subrepticement, pianissimo puis mezzo-voce, en attendant le forte et le fortissimo, la toile bruisse de commentaires de plus en plus osés et nauséabonds qui tous reprennent l'antienne : " on vous avez bien dit qu'en attisant la haine à travers des thèses xénophobes et nationalistes, on jouait avec le feu ".
Autrement dit, sans les accuser ouvertement, on fait courir la rumeur que le tueur serait mu par une idéologie xénophobe et raciste et que les responsables sont bien connus...
Jean-François Kahn et Daniel Vaillant, hier, ont mis en garde contre toute tentative d'instrumentalisation de l'émotion légitime du peuple. Ils ont mille fois raison.
Ceux qui font cela jouent aux apprentis sorciers et leurs prétendus bons sentiments républicains risquent d'attiser les haines et de déclencher une vague incontrôlable.
Le tueur solitaire de Toulouse et de Montauban sera, nous l'espérons tous, bientôt appréhendé.
Nous verrons bien alors à quel genre d'homme nous avons affaire et ce qui a causé ses gestes atroces.
Avant cela toute interprétation ne peut être qu'une supputation au mieux abusive, au pire coupable. Le passé plus ou moins récent nous en a apporté suffisamment de tristes exemples.
C'est ce que je dirai ce matin à mes étudiants avant de les inviter à observer une minute de recueillement.