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Bayrou : il entre, il se trompe et il sort.

Vous aurez sûrement remarqué, chers lecteurs, que dans cette période électorale où chaque geste, chaque parole, vaut son pesant de voix, je nourris les plus grands doutes sur la sincérité des jérémiades et de la mélopée sur le thème de " l'unité de la République".

Plus le recteur de la grande mosquée de Paris mutiplie les apparitions contrites aux côtés de son "ami" président du CRIF; plus les candidats à la présidentielle y vont de leur couplet récité avec un entrain variable sur le thème : " devant l'horreur, il n'y a plus place pour la polémique, etc." et moins j'y crois.

Chacun épie la faute, le faux-pas, le geste malheureux.

Loin d'avoir été suspendue, comme les médias nous en ont rebattu les oreilles depuis 48 heures, jamais au contraire la campagne n'a été plus féroce. 

Et la dégringolade a été initiée par celui dont, je dois le dire, je l'attendais le moins tant il nous avait habitué, à défaut de vigueur, à une grande rigueur morale : François Bayrou !

Dès l'heure qui suivit les horribles assassinats de Toulouse, en effet, il se crut obligé de pointer du doigt le "discours de stigmatisation" du Gouvernement - comprenez essentiellement Claude Guéant et le Président lui-même- responsables, selon lui, des dérives violentes  auxquelles on assitait.

En d'autres termes , et pour parler clair, le discours de Dakar, celui de Grenoble et les petites phrases des uns et des autres auraient libéré la violence et le Président de la République, son ministre de l'Intérieur et tout le Gouvernement, courant derrière les thèmes favoris du Front National,  auraient pour ainsi dire armé le bras de l'assassin et porteraient la charge morale des morts de Montauban et de Toulouse.

Cet assassin, bien sûr, ne pouvait qu'être un crâne rasé au cerveau lisse, raciste, antisémite, adepte des thèses extrêmistes de la droite extrême...

On avait déjà entendu le même air à l'époque des attentats de la rue des Rosiers et de la rue Copernic.

Monsieur Bayrou a ouvert là une boîte de Pandore, pour faire parler de lui en un moment un peu dépressif d'une campagne qui risque bien d'être la dernière pour lui à  une élection présidentielle. C'est mal.

En un seul coup, il perd tout le crédit et la confiance que nombre de citoyens - dont je suis - avaient en lui.

Là-dessus on apprend que l'assasin est un petit voyou 15 fois récidiviste, amateur de BMW, de grosses motos, d'armes à feu et de boîtes de nuit, qui ne peut même pas arguer de la misère des banlieues ni même d'un fanatisme religieux pour "justifier" ses crimes.

Patatras, fermée la piste en or du néo-nazi qui arrangeait tout ce petit monde !

Or voici qu'à présent, faisant décidément feu de tout bois pour essayer de rattrapper son énorme bourde, Monsieur Bayrou poursuit de sa vindicte Madame Le Pen.

Aveugle, perdant et mauvais joueur... Ce n'est pas très porteur.

Il ressemble à ces seconds rôles dont Sacha Guitry disait drôlement : "on entre, on se trompe et on sort."

Pendant ce temps, il faut le dire, François Hollande, comme Nicolas Sarkozy, ont eu la décence et l'habileté de ne pas s'avancer imprudemment et de limiter leurs interventions aux seules paroles qui pouvaient s'entendre, chacun dans son rôle.

C'est aussi du théâtre, mais au moins jouent-ils mieux.