La marche "royale" de Hollande.
Le 8 mars dernier, avant le début de l'affaire DSK, j'indiquais que selon moi, François Hollande, par sa grande habileté, son positionnement central pour ne pas dire centriste, avait les plus grandes chances de l'emporter en mai 2012. Ce qui s'est passé hier au Sénat est un formidable coup d'accélérateur sur sa route vers l'Elysée.
Pour le Président de la République la cinglante défaite d'hier sonne de façon pathétique.
Il a échoué dans sa tentative de fondre toutes les composantes de sa majorité au sein d'un parti unique.
Comme les rivières qui refusent de quitter leur lit naturel , les familles centriste, démocrate chrétienne, radicale sont réticentes devant ce caporalisme qu'elles n'ont jamais accepté. De plus, il paie le prix d'une réforme à marche forcée des collectivités territoriales fort mal reçue par les notables locaux, conservateurs par nature et par intérêt.
Le général De Gaulle lui-même, quels que fussent sa stature historique et son poids politique, n'est jamais parvenu à mettre au pas ces notables locaux et le Sénat, où ces familles politiques étaient majoritaires, fut toujours pour lui une épine - la seule - dans le pied.
Car on entend beaucoup d'approximations et de contre-vérités depuis hier soir.
Contrairement à ce qu'on nous serine, la Haute Assemblée a déjà été dans l'opposition à la Droite au pouvoir.
Cette opposition s'incarnait dans la courageuse figure d'un grand compatriote d'Outre-Mer, Président du Sénat, Gaston Monnerville.
De Gaulle, d'ailleurs, essaya en 1969 d'avoir raison de cette assemblée qui lui résistait . Son référendum fut sa chûte.
Nous sommes en 2011. La situation n'est plus du tout la même qu'après Mai 68.
Cependant le coup de semonce d'hier, venu de là où on l'attendait le moins, préfigure une débandade générale et la victoire, logique et d'ailleurs légitime, de la Gauche à la présidentielle de 2012.
Si les choses se passent ainsi, celle-ci se trouverait détentrice de tous les pouvoirs communaux, départementaux, régionaux et nationaux.
Seules pourraient l'empêcher ses divisions internes, de moins en moins probables maintenant que la victoire se profile, à moins que le Centre, désespérant de trouver son salut dans l'UMP, se rallie à une candidature crédible, celle de François Bayrou par exemple, susceptible de paser le cap du premier tour ce qui, étant donné le poids de Marine Le Pen, est une hypothèse très peu probable.
Décidément pour Hollande, qui dans ces conditions s'apprête à bénéficier du vote utile aux primaires et à vaincre sans difficulté ses cinq concurrents, une voie royale semble s'ouvrir.
Certes on me dira - et on aura raison - que la politique ménage des coups de théâtre et des retournements qui rendent les pronostics difficiles et souvent vains.
Mais dans l'état actuel des choses, la dynamique en sa faveur que Jacques Chirac, tout perturbé qu'il soit, a parfaitement perçue, semble enclenchée, tandisque le doute et l'abattement envahissent le camp sarkoziste.
Nicolas Sarkozy, s'il se représente, prend le risque de mener son camp à la défaite parce qu'il n'est plus crédible aux yeux de la majorité.
Au moment où il s'amende lui-même et où, sur le plan international, dans des circontances particulièrement ardues, il est en train d'essayer de redresser l'image de la France et de rendre sa place à notre pays, sans doute n'est-ce pas très juste, mais c'est ainsi.