Amine Bentounsi, malfaiteur multirécidiviste âgé de 30 ans est mort, tué par un jeune policier qu'il menaçait de son arme.
Cette affaire surgissant dans la campagne du second tour de l'élection présidentielle comme la tuerie de Toulouse dans celle du premier, donne lieu à tant de polémique et il s'y dit tellement n'importe quoi qu'il me semble sage de s'en tenir aux seuls faits, qui parlent d'eux-mêmes.
Voici le texte de l'article du Parisien qui vient de lui être consacré
« A 13 ans, Amine Bentounsi était le plus jeune incarcéré de France, après avoir multiplié des vols avec violence. Sa vie n'aura été qu'une succession d'allers-retours en prison.
En septembre 1994, notre édition Seine-et-Marne titrait « La terreur du quartier n'a que 12 ans ». Il avait alors déjà cambriolé les locaux de l'Opac - l'office HLM -, volé des voitures, agressé deux employées d'un centre social, battu une voisine avec un cric pour lui voler son magnétoscope. (...)
« Il était ingérable, se souvient un animateur. Une fois, il a volé le scooter d'un collègue et a tourné en furie quand on est venu le récupérer. »
Une enseignante du quartier se rappelle qu'Amine avait été renvoyé en Algérie, chez sa grand-mère, pour calmer sa dérive :
« Il était revenu après avoir brûlé sa maison, ses parents n'ont jamais pu le remettre sur le droit chemin. »
A 19 ans, Amine escalade à la corde la façade du bâtiment Bleuet, à Collinet, pour braquer le siège de l'Opac. (...) La cour d'assises lui inflige dix ans d'interdiction de séjour à Meaux et quatre mois de prison.
Quelques mois plus tard, en octobre 2001, il participe au spectaculaire braquage de la poste de Collinet, qui s'est soldé par une fusillade sur des policiers, au milieu des passants. (...)
En août 2005, il a braqué avec deux complices le magasin Champion de Saint-Pathus, avec séquestration d'employés. Ce sera sa plus lourde condamnation : dix ans de réclusion, prononcés en 2007.
C'est donc cet individu ultra-dangereux qui s'est retrouvé face à des policiers, un revolver chargé à la main, dimanche dernier.»
Le policier est donc mis en examen pour "homicide volontaire".
Dans la mesure où il est sorti de chez lui en n'omettant pas de se munir de son arme, je me demande pourquoi on ajouterait pas "avec préméditation"...
Le rapport d'autopsie, et l'enquête, lorsqu'elle sera arrivée à son terme, permettront sans aucun doute de connaître les détails de cette affaire.
Pour l'heure les prises de position des uns et des autres me semblent essentiellement motivées par l'esprit partisan.
Il est possible que ce policier ne soit pas maître de lui; il est possible qu'il se prenne pour un cow-boy; il est possible qu'il ait froidement abattu un homme qui fuyait et qui ne représentait plus aucun danger.
Mais il est également possible qu'il ait agi de façon parfaitement convenable, menacé par deux armes, dont une grenade; il est possible que la balle ou le fragment de balle qui a pénétré dans le dos du malfaiteur ne suffise pas à démontrer que celui-ci, au moment où il l'a reçue, avait cessé de représenter un danger.
Attendons pour en savoir davantage.
Quant à la présomption de légitime défense, demandée par le Front National et proposée par le président-candidat, elle me paraît un principe commode mais dangereux.
J'aimerais cependant qu'on nous explique pourquoi, s'appliquant aux douaniers et aux gendarmes, elle serait illégitime pour la police.
Ne faudrait-il pas, si c'est un monstre juridique, l'abolir aussi pour les deux corps qui en "bénéficient" ?