Pour moi qui ai quatre générations d'ancêtres enterrées en Algérie et qui y suis né 7 ans avant que ne commence "la guerre", le voyage du Président de la République dans ce pays revêt, bien sûr, une importance toute spéciale
J'avoue que je craignais le pire en me souvenant de ce que Hollande, alors premier secrétaire du PS, avait déclaré un jour de 2006 : « nous avons encore des excuses à présenter au peuple algérien ».
Sur de telles bases le voyage pouvait tourner à l'acte de contrition, à la repentance officielle, bref à une détestable comédie.
Heureusement que, sans doute conseillé par quelqu'un de plus avisé que lui, Monsieur Hollande a renoncé à ce mea culpa national attendu par les éléments les plus conservateurs de la nomenclatura FLN au pouvoir depuis 50 ans dans ce malheureux pays, et à qui la mise en accusation de l'ancien colonisateur tient lieu de ligne politique et d'anesthésiant pour son propre peuple.
Cependant les propos du chef de l'Etat, notamment devant l'assemblée nationale algérienne, sont allés bien loin, trop loin à mon gré, dans l'expression des regrets et de ce qu'il faut bien appeler des excuses, quoi qu'en dise l'intéressé qui a prilégié la formule : « dire la vérité sur le passé ».
Or il se trouve que sa "vérité" a été unilatérale.
Certes il fallait sans doute dire les violences et les injustices inhérentes au système colonial, le mépris insupportable de certains colons à l'égard des " indigènes", l'inégalité de traitement des différentes communautés, l'analphabétisme inadmissible des enfants algériens.
Il fallait aussi reconnaître la responsabilité des autorités françaises de tous bords politiques dans les horreurs de la guerre depuis Sétif en 1945, jusqu'à juillet 1962 : humiliations, violences cruelles, torture, etc.
Mais il aurait aussi fallu dire l'épouvantable cruauté des combattants indépendantistes envers la population civile : les égorgements, la mutilation des cadavres, les viols et les meurtres.
Il aurait aussi fallu dire le traitement barbare infligé aux harkis abandonnés par la France et livrés à la vindicte de leurs coréligionnaires, et la violence de la prise de pouvoir par le FLN dès l'indépendance obtenue.
Il n'aurait pas non plus fallu omettre de dire pourquoi, venant d'obtenir l'indépendance de leur pays, tant d'algériens ont choisi de le quitter pour rejoindre la France, mouvement vaste et profond qui, 50 années plus tard, continue avec encore plus d'ampleur.
Cette partie de la vérité historique a manqué au discours de François Hollande. Le courage, une fois encore, lui a manqué.
Dommage.
Commentaires
HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE:lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.
35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.
Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)
Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net
KIS LES CAMPS DE LA HONTE :