Dans mon dernier billet, je citai avec indignation la phrase de Léon Bloy que le pape François 1er (*) a cru bon de mettre en avant dans son premier dicours médiatisé.
Cette phrase est la suivante :
« Celui qui ne prie pas Dieu, prie le Diable. »
C'est une idée d'une grande bêtise, et qui plus est dangereuse, je vais essayer de le montrer.
. Cette idée est bête parce que, destinée à convaincre les non pratiquants voire les incroyants, elle commence par affirmer ce qu'elle devrait démontrer, à savoir qu'il y a un Dieu et un Diable.
Il est clair que la menace d'un dieu bon ou méchant ne saurait faire grand peur à celui qui n'y croit pas, et qu'elle ne peut fonctionner que sur un croyant qui se fait à lui-même le reproche d'être tiède et négligent. Premier point.
. Deuxième point, et on entrevoit là en quoi elle est dangereuse, ce qui fera l'objet de la seconde partie de ce billet, cette phrase est idiote par son caractère manichéen, digne d'un mauvais élève de CM2.
Elle est la reprise du fameux " celui qui n'est pas avec moi est contre moi ".
Comme si la nuance, le compromis, le juste milieu, qui signent les idées et les actes des personnes intelligentes, n'existaient plus, balayées par une pensée duale et primaire.
Tout ce battage médiatique , cette hystérie des chaînes de télévision, cette attente impatiente, aiguisée par des commentaires le plus souvent approximatifs et creux, pour nous servir ce personnage souriant bêtement aux caméras du monde entier, et proférant des énormités que personne ou presque ne relève.
Les médias se sont focalisés sur le rôle trouble joué par l'archevêque de Buenos-Aires; le sujet est intéressant, certes, et si ce soufflet ne retombe pas en quelques jours comme on peut le craindre, il serait pertinent qu'on le creuse et qu'on nous en dise un peu plus, comme on a su mettre en lumière les insuffisances et les compromissions de Pie XII durant la seconde guerre mondiale.
Mais comme toujours, par paresse, par médiocrité intellectuelle, ou pire, par la préoccupation bassement commerciale de nous "vendre" du bon sentiment jusqu'à la nausée, aucun média de masse, comme les grandes chaînes généralistes de télévision ou les chaînes d'information en continu n'effleurent ce que je suis en train d'analyser ici, à savoir l'effarante brutalité des affirmations du nouveau pape.
Pourtant c'est dans cette réflexion que réside à n'en pas douter la compréhension de la direction que cet homme veut imposer à l'Eglise catholique.
Il faut d'ailleurs lui reconnaître que cette brutalité n'est pas son invention personnelle, et qu'on la retrouve dans nombre de pères de l'Eglise, à commencer par Saint-Paul, et même dans les paroles supposées du Christ lui-même qui, dans plusieurs passages des évangiles, présente ainsi un choix manichéen entre le bien et le mal. Mais, comme disait Brassens, " le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con. "
Cette idée est dangereuse, l'histoire, hélas, le démontre plus qu'abondamment.
D'où viennent les massacres, les guerres civiles, les conflits régionaux et mondiaux ?
On répondra habituellement à cette question, que la cause en est des intérêts stratégiques, territoriaux ou économiques divergents qui ne peuvent être réglés que par la force.
Certes, mais de quoi habille-t-on ordinairement ces appétits brutaux sinon du voile pudique de la religion ou de la morale, ou des deux à la fois, c'est à dire de la lutte du Bien contre le Mal ?
Souvenons nous :
César, qui envahit les Gaules sous l'honorable prétexte de repousser les cruels germains;
Constantin qui prétexta le miracle d'une immense croix flamboyante qui lui serait apparue pour engager une guerre civile destinée à chasser du pouvoir l'empereur légitime;
les conquistadors espagnols envahissant l'Amérique du Sud, massacrant et pillant au nom de la Vierge et du Christ, censés devoir remplacer les dieux affreux des peuples indigènes;
les protestants et les catholiques au XVIe siècle en France, égorgeant;, violant, pillant et brûlant au nom du Christ;
les infâmes trafiquants d'esclaves qui, tout au long des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles justifiaent leurs crimes en bafouillant qu'ils apportaient la civilisation à ces peuples obscurantistes et païens;
les antisémites de la fin du XIXe et leurs sanglants émules du siècle passé selon qui les juifs étant la cause des malheurs du monde, il convenait, pour le bien de celui-ci, de les tuer tous;
les fanatiques communistes russes, chinois, cambodgiens torturant, estropiant, assassinant ceux qui avaient le malheur de ne pas passer sous leurs fourches caudines;
L'histoire des violences et des guerres recouvre celle des intolérances et de la pensée manichéenne, religieuse le plus souvent, parfois pas.
On a froid dans le dos d'entendre, dans cette période où les fanatismes religieux et politiques s'exacerbent, trouvant dans la crise économique mondiale et dans la misère un aliment inépuisable, un haut responsable religieux prononcer ces mots qui sont des brandons jetés sur de l'essence :
« Celui qui ne prie pas Dieu, prie le Diable » !
(*) Avec une hypocrisie toute jésuitique, le pape souhaite être appelé "tout simplement François". Modestie revendiquée, en réalité orgueil de celui qui veut pénétrer ainsi dans tous les foyers, comme un ami intime.
Je m'en garderai bien, ne connaissant pas suffisamment ce monsieur pour le nommer par son prénom, et celui-ci étant la désignation d'un souverain qui, prenant sa place dans la galerie des 266 papes de l'Eglise catholique, doit être désigné avec son numéro...
Commentaires
Bon jour,
J'avais commencé un commentaire, et puis d'une fausse manip. je l'ai égaré (voire effacé).
Napoléon (le 1er du genre) a dit, si je me souviens : " un pays sans religion est un bateau sans boussole".
Nous savons tous que pour tenir une société, dans l'ordre, le respect, ... il faut un dénominateur commun, puissant. La religion catholique ne fait plus son office, ni recette. D'autres autels ont pris place. Et si le catholicisme (et les autres) a du sang sur les mains, notre société peut rougir aussi de ses méfaits et ils ne sont pas moindre.
Le pire n'est pas là. Le pire est le manque d'une locomotive, d'un personnage charismatique à la tête de l’État. Et bien pire encore, Le Politique se fout de La Politique de la Cité. Enfin bref, … tout cela pour conclure par : l'humain sans un référentiel fort est une humanité perdue.