L'appellation "le pape François", fait florès comme, en son temps, " le bon roi Henri ", ou "Jeanne".
Certains même sont déjà passés à l'intime, à l'affectueux "François" tout court. Santo subito !
Il avait fallu du temps, la connaissance de leurs vertus et un amour éprouvé pour que d'illustres personnages fussent appelés par le peuple par leur seul prénom.
François 1er, lui, a immédiatement été débarrassé de ce chiffre encombrant et intimidant, et, dépouillé de la pompe vaticane, nous est montré, tel le Christ, dans sa sainte nudité.
Comme Jean-Jacques,"intus et in cute", ou comme ces candidats étiquetés des jeux télévisés, il nous a été livré en deux jours habillé de son seul prénom, ou plutôt de son pseudonyme.
Ah ! comme ils doivent rêver, les autres, que les journalistes leur réservent le même traitement de faveur pour que le peuple, enfin, les aime !
Barack, François, Angela, Benoît, Valéry, Jacques, Laurent, Alain, Marine ...
Le pape François 1er a beau porter des chaussures de ville noires, une croix en fer blanc et une bague plaquée-or, payer lui-même sa note à l'hôtel, choisir une modeste chambre plutôt que l'appartement pontifical et prendre soin que tous ces gestes soient connus et commentés, il reste le pape François 1er, ancien cardinal Bergoglio, ancien ennemi de la théologie de la libération, ancien allié du général Videla ... et jésuite; ça devrait calmer les groupies de "François".
Commentaires
Alors ?, dites-vous, cher Frank (et puisque vous me demandez en somme d’être sérieux ; ce pour quoi j’ai toujours bien du mal, craignant d’être pesant). L’appellation que vous incriminez participe de cette infantilisation grandissante dans laquelle les esprits semblent se complaire. Catholique, je tique toujours lorsque je suis invité à prier, hier « pour notre pape Benoît », aujourd’hui pour « notre pape François » et pour « notre évêque Yves », formulations que je trouve cucul et qui sont tout à fait incongrues lorsqu’elles impliquent d’une façon ou d’une autre des personnes qui ne font pas « partie de la famille » et dont certaines cependant les reprennent sans réfléchir. De la même façon qu’il ne me viendrait pas à l’idée de donner des nouvelles de « mon papa » lorsque quelqu’un en demande de mon père — mais il arrive de plus en plus souvent que ce soit de mon « papa » que l’on en demande !
Quant à bien me porter, mille mercis et rassurez-vous. Je ne vais pas me mettre la rate au court bouillon de toutes ces choses qui m’agacent et contre lesquelles je ne peux pas grand-chose. Mon ironie m’est un antidote suffisant contre les petits poisons médiatiques ou immédiats.
Bonjour, cher Hervé.
Vous avez raison et vous ne l'avez pas.
Oui la dénomination de François 1er évoque irrésistiblement le portrait d'apparat de Clouet et le château de Chambord...en France.
Mais en Italie et ailleurs il n'est aussi appelé que par son prénom. Alors ?
Votre parallèle entre "le pape François " et " le président Hollande" n'est pas non plus très satisfaisante et ne vaudrait que si - à Dieu ne plaise - il venait à l'esprit des journaleux de le nommer " le président François".
Après ce qui est en train de lui arriver, le risque est négligeable.
Portez vous bien.
Si les commentateurs des médias français évitent de dire « François 1er », c’est avant tout, me semble-t-il, parce que l’appellation évoque irrésistiblement pour nous… François 1er ; et de manière vaguement comique dans le contexte.
C’est donc le plus sérieusement et, croient-ils, le plus respectueusement du monde qu’ils parlent du « pape François » comme ils parlent du « président Hollande ». C’est vouloir trop en faire, alors que « le pape » ou « le président de la République » suffiraient.
Louis XIV, rapporte Saint-Simon, s’était un jour un peu énervé qu’un de ses sujets parle de lui, et pensant le flatter, comme du « roi très chrétien » car en son royaume Louis XIV était « le roi », tout simplement et sans confusion possible. Et même lorsqu’il le critique, Saint-Simon n’écrit pas autre chose que « Louis XIV » ou « le Roi ».
Les « François » auraient donc de quoi être énervés. Quant à « Tonton » ou autres, vous avez raison, cher Frank, ça ne se décrète pas.