VEF Blog

Il y a bien des années que le citoyen libre que je suis  affirme en vain qu'il n'y a rien dans les statuts de cette formation qui justifie qu'on l'ostracise. Peu importe : on ne trouve rien, mais c'est mal quand même.
Tant d'incohérence et d'iniquité - qui ont éclaté entre autres lors de l'entre-deux tours de 2002 - ont fini par produire ce qui était inévitable et que les responsables du FN cultivent de leur côté avec soin : la victimisation du parti et la tentation, chez les électeurs, de contrebalancer l'injustice qu'on lui faisait.

Hollande n'a ni le talent ni la chance de Mitterrand ( reproduisant lui-même le jeu de de Gaulle avec le PC ) qui sut à merveille instrumentaliser la peur du fascisme à son profit personnel; il n'a pas non plus l'insolente chance de Chirac - son autre modèle - qui connut la divine surprise de 2002.
Poussivement, mal secondé par un Harlem Désir irritant à force d'incompétence, il s'essaye à poursuivre la tactique de ses prédécesseurs, mais celle-ci ne fonctionne plus.
D'abord parce qu'elle est usée jusqu'à la corde et que ses électeurs n'y croient plus, ensuite parce que la situation pathétique et la corruption inquiétante des élites du pays ne favorisent plus ces petits jeux politicards, enfin parce que chaque jour qui passe démontre à quel point les mises en garde du FN depuis des décennies sont hélas corroborées par l'évènement.

Ainsi le vote FN n'est plus un vote de protestation et de rejet, ce ne sont plus  seulement les seuls  frustrés et les exclus  considérés comme une catégorie particulière de citoyens français qui se mettent à voter FN, c'est le corps social presqu'entier qui potentiellement ne s'y refuse plus.
Celui-ci, subissant ou redoutant le déclassement que ces qualificatifs recouvrent, est de plus en plus tenté d'essayer ce qu'une classe politique souvent corrompue lui a interdit jusqu'alors pour des raisons morales.
C'est sa manière un peu lâche de faire sa petite révolution.

Les Le Pen, aussi habiles l'un que l'autre chacun avec son style, ont magnifiquement su transformer en atouts les obstacles qu'on a mis sur leur chemin.
Je suis convaincu que leur longue marche vers le pouvoir demeurera dans le futur - avec la longue ascension de François Mitterrand, parti de la confidentielle Convention des Institutions Républicaines, surmontant sa chute de mai 68 et organisant le nouveau PS à Epinay -  comme un modèle scolaire de conquête du pouvoir.

AJOUT DU 24 JUIN :

Les résultats du second tour de la législative partielle dans la circonscription naguère socialiste de Villeneuve sur Lot viennent une fois de plus conforter l'analyse que je fais.

L'UMP a progressé de 8OOO voix entre les deux tours, le FN, lui, de 7OOO voix, parvenant aux portes de la victoire grâce, évidemment, au report de nombreux électeurs de gauche, comme on l'avait déjà vu il y a quelques semaines lors de la partielle de l'Oise.

Ainsi l'on peut dire que ce parti a cessé d'être un repoussoir et qu'il joue à jeu égal avec ses deux grands partenaires, reléguant aux oubliettes les autres petites formations politiques de la majorité ou de l'opposition.

Cette évidence va à présent s'imposer dans les états-majors et réduire encore un peu plus la distance entre ce parti et les autres, favorisant ainsi pour les prochaines échéances municipales des rapprochements encore impossibles à envisager il y a peu.