A l'occasion du douloureux événement de Brétigny sur Orge je me fais la réflexion que nous vivons décidément sous une République assez grotesque.
Quoi ! un accident se produit et il faut vraiment que le président de la République s'y précipite ?
Aurait-on pensé qu'il y était indifférent et sans coeur s'il ne s'était pas rendu au chevet des blessés ?
Depuis Giscard qui a inauguré cette ridicule coutume de courir partout où un feu de forêt se déclarait, les chefs de l'Etat ont gardé cette habitude et accoutumé le bon peuple à se multiplier comme le père Noël. Gare à celui qui ne se soumettrait pas à cette exigence démagogique de l'ubiquité !
Question : qu'en serait-il si nous étions encore au temps des carrosses ou des locomotives à vapeur ?
N'y a-t-il qu'un homme pour incarner la responsabilité ? Les préfets, les ministres, les maires et les parlementaires n'existent-ils donc plus ?
Jusqu'où cette personnalisation absurde va-t-elle aller ?
J'ajoute que cette obligation d'ubiquité à laquelle s'astreignent les présidents conseillés par leurs "communicants", a de désastreuses conséquences.
Chaque citoyen détenteur d'une autorité, fût-elle très limitée, est à présent montré du doigt s'il ne fait pas montre de la même sollicitude que le premier personnage de l'Etat.
Sans égard au fait que, contrairement au président, ils ne peuvent pas escompter le bénéfice publicitaire des caméras et des reprises en boucle sur toutes les télévisions de cette éclatante charité à la Tartuffe, chaque responsable de bureau, chaque enseignant, etc. est tenu d'afficher son humanité devant les bobos, grands ou petits, qui affigent ceux dont ils ont la charge. Sans cette compassion gnangnan, plus de légitimité, plus d'autorité.
Cette assignation à l'humanitarisme cucu la praline est un des maux de notre temps.
Du coup, bien sûr, celles et ceux qui ont assez de dignité, de véritable respect humain et de sens du ridicule passent pour des sans-coeur. Horreur !
Commentaires
Vous pourriez alors au moins lui laisser le bénéfice du doute. Sincèrement.
@ luciole
Toute la question estdans "sincèrement".
Après le Quatar..,la Chine.. Le Japon.. Bretagne.. Moins exotique...,moins cher..!! Et toute la presse.. Un p'tit air triste.. La paupière un peu plus tombante que d'habitude..,je suis un président normal.. Un homme normal.. Yala.. Tout est beau..,il ne savait pas encore qu'ils serait siffle et hué quelques jours plus tard..lors de sa descente des champs-Elysées..
Peut-être est-ce parce qu'aujourd'hui il ne reste plus de grands héros ? Peut-être que le peuple a besoin quand même de s'enthousiasmer ?
Quant à votre première question, je ne pense pas que ce soit parce que les présidents vont aujourd'hui sur de "petites catastrophes" qu'on peut leur imputer la perte de l'autorité générale. Je pense que si je n'ai plus l'autorité sur mon fils, c'est à moi de plaider coupable, il ne me viendrait pas à l'idée d'en imputer la faute aux différents présidents qui ont jalonné nos vies ?
Bien sûr, ne me prenez pas pour plus stupide que je ne suis, je suis un peu sarcastique.
Bonsoir. Je pense que le fait qu'un President de la Republique puisse sincerement ressentir de l'empathie envers autrui n'a rien a voir avec je ne sais quelle derive....Faire un tel deplacement par obligation et calcul ca n'est pas credible et c'est bien triste d'y croire. Je suis du meme avis que Sonate, et meme si on peut me traiter d'utopiste he bien je veux le rester, jusqu'au bout..
@ SONATE
Bon, bon ! admettons.
Nous n'avons pas, sur ce point, la même conception de ce que doit être une république adulte.
Mais vous ne dites rien de ce qui à mes yeux est l'essentiel, à savoir la dérive gnérale de l'autorité dont ces comportements présidentiels sont à mon avis la cause.
C'est un peu, mutatis mutandis, comme cette affreuse manie de se lever pour acclamer n'importe quelle fausse vedette, galvaudant ainsi un honneur exceptionnel jadis réservé aux plus grands.
Rien n'appelle la présence d'un président de la République qui ne se sent pas concerné, une seule victime peut faire déplacer un président qui a ressenti une émotion face à la douleur d'autrui.
L'Etat est bien suffisamment et bien dignement représenté par un ministre responsable et par le sous-préfet ou le préfet.
Tout le reste - sauf catastrophe d'une ampleur vraiment exceptionnelle ou attaque terroriste contre la France - est du cinéma électoraliste.
D'ailleurs, peut-on me dire à partir de combien de victimes un accident ou une catastrophe naturelle appelle la présence du chef de l'Etat ?
Je suis d'accord avec ce billet, mais "on" (les journalistes ? le peuple ? les opposants politiques ?) a reproché il y a quelques années à une certaine ministre de l'écologie de ne pas s'être précipitée sur les plages bretonnes lors d'une marée noire...
Et ce qui me gêne le plus est qu'une partie des secours se trouve mobilisée pour "s'occuper" du Président/Ministre qui lui n'est pas blessé...
Mais les médias existent et il faut faire avec ! Et il serait stupide au président de ne pas aller là où il sent le besoin d'aller sous prétexte qu'il y a la télé et que l'on pourra l'accuser de récupération.
Je pense de plus que les représentants de l'état au niveau régional étaient également là, et je pense que pour les victimes et leur famille il était important que François Hollande, garant de l'état, soit là et leur affirme son soutien et son engagement à les aider. Il a d'ailleurs affirmé que l'état serait là où les assurances et autres indemnisations ne couvriraient pas les dommages occasionnés. Bien sûr, on peut toujours crier haut et fort que ce sont paroles vaines !!!!
Bien sûr que si, chère lectrice que nous sommes tristes du malheur des autres !
Je ne suis pas en train de dire que toute compassion est fausse.
Mais la présence des caméras est ce qui cloche.
L'humanisme serait le même - que dis-je ? - il serait bien plus probant loin des médias qui sentent la récupération.
De plus l'objet de mon billet n'est pas vraiment là.
Il consiste à dire qu'un pays de 65 millions d'habitants, organisé et super administré, ne peut pas se résumer à un homme.
Ou bien nous ne sommes plus en République, et il faut que le président guérisse les écrouelles en disant " le Roi te touche, Dieu te guérit !"
Là, je vous trouve très dur. Mais vous allez encore me trouver bien naÎve ! eEt finalement j'en suis bien heureuse, cela m'attristerait de penser que tout est pourri !
Oui, il y a des communicants à l' Elysée qui organisent les allées et venues des présidents. Mais ne peut-on pas penser sans être très naïve, que lorsqu'on est Président, lorsqu'on est à la tête d'un pays, tout ce qui s'y passe vous concerne ? J'étais ce soir là devant ma télé à regarder les insoutenables images qui arrivaient. Je me sentais concernée parce que cela se passait à quelques kms de moi, sans autres arrières pensées. Est-ce que notre société ne peut engendrer que manipulations, voyeurisme, fausse compassion ? Ou peut-on considérer, Président ou pas, que nous soyons tout simplement tristes du malheur des autres ?