La nuit recouvrait encore les champs et j'étais au lit quand le phénix de Tulle a pris la parole à l'Elysée, malgré les rodomontades de "moi, président normal" un an avant. Heureusement j'ai eu droit à une resucée en mangeant mes tartines.
A vrai dire, ses actes sont tellement en contradiction avec ses engagements les plus définitifs, et sa politique est tellement dans la continuité de celle de son prédécesseur que rien ne saurait plus nous étonner, aussi gros que soit ce rien.
Quelques grands moments de culot tout de même, comme lorsqu'il redit son "engagement" ( pas une prévision, on vous dit; un EN-GA-GE-MENT ) de parvenir à une inversion de la courbe du chômage à la fin 2013, tout en repoussant avec mépris les arguments de ceux qui parlent d'une embellie artificielle, à base de contrats aidés.
Et encore lorsqu'il embrouille les spectateurs en tentant une amphigourique justification de l'allongement de la durée du travail qu'il vouait naguère aux gémonies.
Aussi lorsqu'il affirme - acte de parole comme disent les linguistes ou parole magique ? - que la reprise est là.
Ou quand il suggère qu'il avait, dans son immense sagacité, pour ainsi dire devancé l'accident de Brétigny en orientant la politique de l'Etat vers la rénovation du réseau ferré.
Le bafouillis final sur le thème "personne ne peut m'en vouloir de vous recevoir ici", était tristement pitoyable.
La méthode Coué détournée de son but puisque s'appliquant aux autres, une langue de bois massif, une platitude ennuyeuse et un vocabulaire basique et primaire. Un vrai feu d'artifice du 14 juillet.
D'artifices, plutôt.
APOSTILLE
J'allais oublier - où ai-je la tête ? - un petit passage de régalade où mensonge et mauvaise foi se sont étalés devant les deux journalistes impassibles.
Soit dit en passant, je ne les ai pas trouvé du tout pugnaces et tout simplement curieux. Comme d'habitude, ils posent les questions et se contentent des réponses.
Ce moment est celui où Hollande tout en faisant l'hypocrite éloge de Delphine Batho explique que sa faute est impardonnable, d'avoir critiqué son budget et - dit-il bien que personne ne l'ait entendu - le budget en général.
Montebourg, lui, n'est en rien coupable.
C'est que subrepticement le président vient de modifier la règle du jeu : dorénavant sera viré non pas celui qui s'oppose à la politique du gouvernement ( ni même qui injurie le premier ministre ) mais celle qui ose dire que son budget n'est pas bon.
Attendons donc de voir ce qu'il en sera : on pourra voir des ministres critiquant tout sauf le budget et restant accrochés à leur maroquin.
Monsieur Hollande se croit encore au conseil municipal de Tulle où, en effet, le seul acte rédibitoire d'un élu de la majorité est de ne pas voter le budget de la commune.