Thierry Dol est martiniquais. C'est un enfant du François.
Ici, dans sa petite patrie, sa libération est, on s'en doute, un immense soulagement.
Ce qui s'est passé ne laisse pas, cependant, de poser quelques questions et je pense n'être pas le seul à avoir ressenti un certain malaise hier.
Je ne parle pas là du versement d'une rançon de 20 à 25 millions d'euros, qui ne fait aucun doute, malgré les molles dénégations des ministres, et contrairement aux déclarations de Monsieur Hollande durant la campagne des présidentielles.
Ce paiement justifié par d'évidentes raisons d'humanité est en soi une catastrophe annoncée puisque, bien sûr, les ignobles preneurs d'otages savent la valeur d'un Français, 5 millions d'euros, et ne risquent pas de renoncer de sitôt à un tel pactole .
Celui-ci permettra l'achat d'armes et de complicités qui, dans un mouvement sans fin, alimentera les enlèvements. C'est le raisonnement que tenait François Hollande il y a quelques mois.
Mais la principale interrogation porte sur l'allure et l'attitude des trois autres otages, Marc Ferret, Pierre Legrand et Daniel Larribe.
Revêtus d'habits, de foulards qui évoquent ceux de leurs ravisseurs, le visage mangé par une barbe soigneusement et, dirait-on, rituellement taillée, refusant apparemment de faire groupe avec Thierry Dol, fixant obstinément leurs chaussures, enfermés dans un mutisme complet qui mit le président de la République en fâcheuse posture, ils sont inquiétants.
S'agit-il d'une manifestation du célèbre syndrome de Stockholm ? Faut-il y voir quelque chose de plus grave encore ? N'est-ce dû qu'a des raisons pratiques, ces hommes n'ayant pas eu le temps de soigner leur look avant de prendre l'avion ?
L'avenir nous éclairera certainement.
Une chose me paraît sûre, en tout cas, c'est que ce rituel de l'accueil des otages par les ministres ou le président à leur descente d'avion que Chirac, Sarkozy et à présent Hollande considèrent comme une figure obligée, est en tous poins regrettable.
D'abord parce que cela crée un malaise en donnant l'impression d'une récupération (d'autant qu'en l'occurrence il ne semble pas que la France soit à l'origine de cette libération ); ensuite parce que, comme le paiement de la rançon, ce cérémonial hyper médiatisé est une affiche publicitaire dont se réjouissent les preneurs d'otage.
L'heureuse discrétion dont Hollande a parlé s'agissant des "négociations" qui ont amené à la libération des quatre employés d'Areva aurait dû se poursuivre en laissant les familles seules recevoir leurs proches, loin de toute caméra.
Libre à ces hommes ensuite d'aller ou de ne pas aller sous les feux de la rampe.