A compter de cette ruptrure devenue publique par un scandale artificiellement voulu, conduit et manipulé par le maire et ses affidés tremblants, les choses prirent un tour presque routinier.
Accompagné dans ma tâche d'élu par le seul conseiller de la majorité qui avait eu le courage - comme je l'ai dit dans le précédent épisode de cette chronique - de me soutenir et d'affronter l'hostilité haineuse de nos adversaires, je m'efforçai autant que les obstacles divers qu'on semait sur ma route me le permettaient, de remplir utilement et dignement ma tâche.
J'étais d'une grande assiduité aux commissions et aux organismes dont j'étais membre ce qui, joint aux répétitions et concerts de l'Harmonie, à la présidence de l'Université Pour Tous, à celle du Parti Radical départemental occupait - on me croira aisément - le peu de temps libre que me laissaient la préparation de mes cours, mes cours eux-mêmes et la correction des copies.
Durant tout ce temps en effet, jamais je ne laissai ma vie publique envahir ma vie professionnelle; j'ose même dire que, en garde contre ce danger redoutable, je mis un soin redoublé à accomplir mon devoir de la façon la plus minutieuse et la plus impartiale.
Mes anciens élèves - et singulièrement les enfants des personnes qui m'étaient ouvertement hostiles - ont toujours témoigné de ma pointilleuse équité qui me paraît le premier des devoirs d'un professeur, qui doit être exemplaire pour être respecté, respecté pour être écouté et écouté pour être utile.
A dire vrai, je traversai ainsi 5 années, occupé heure par heure, en y incluant vacances de printemps de 85, 86, 87 et 88 durant lesquelles j'emmenais mes élèves à Rome et Pompéi.
Cette vie plus que remplie, la rencontre quotidienne avec les élèves, leurs parents, les membres des associations que j'animais ou auxquelles je participais, les élus du département et les habitants du village me persuadaient de ce que le maire et son équipe de bras cassés conduisaient notre commune à la récession, l'asphyxiant dans la routine et l'accablant de dépenses improductives.
Peu à peu cette commune qu'en arrivant quelques années plus tôt, j'avais trouvée agréable et active, sombrait dans un marasme déprimant.
Le centre ancien se mourait; les quartiers périphériques s'isolaient; le patrimoine se dégradait, et rien ne pointait à l'horizon qui pouvait laisser espérer un sursaut.
Les commerces s'étiolaient lentement, fermant l'un après l'autre, laissant la place à des vitrines passées au badigeon ou à des agences immobilières se partageant la vente d'immeubles de plus en plus sous-évalués.
Bien sûr, je profitais de chaque séance publique du conseil municipal pour dénoncer cette gestion calamiteuse dans la mesure ou le tyran mou me laissait m'exprimer et avec la permanente menace que mes propos fussent passés sous silence ou - pire - déformés par le journal local.
Les rumeurs complaisamment répandues, le matraquage quotidien auquel j'étais soumis devaient produire leur fruit.
Le soir du 27 décembre 85 deux nervis cagoulés m'agressèrent à coup de pied et de poing alors que j'étais en train d'ouvrir ma porte.
Seuls les particuliers que je rencontrai le lendemain et - je dois à la vérité de le dire - les responsables du PC et du PS me témoignèrent sympathie et solidarité dans cette épreuve.
Jamais les coupables de cette agression ou ceux qui les avaient engagés ne furent retrouvés.
En cette fin d'année 1986, l'opposition de gauche et du centre commença à s'organiser et à faire savoir au public par quelles méthodes autocratiques le maire conduisait la commune. Cette coordination spontanée des efforts me donna l'idée d'aller plus loin et de réunir en une seule association des élus et des citoyens de gauche et du centre ou non engagés, pour dresser ensemble le constat de l'état de la commune et pour faire des propositions. L'AJEP était née.
Dans le prochain numéro de cette chronique, je raconterai ce qui se passa ensuite, jusqu'aux élections de mars 1989.
Commentaires
Oui.. Le village s'endort.. Pas de risque d'arrivée du prince charmant..,encore de nouvelles agences bancaires.. Des cabinets d'assurances dans l'artère qui va du pont à la gare.. Quelques décorations de Noël..!! Une rue puetonne ou même les piétons ne montent plus... Il y aura sans aucun doute du monde aux vœux du maire..!! Faut-t-il croire encore....a quoi?? En qui ?Je vous souhaite un joli Noël.. Je serai dans l'est.. Il y a encore de la magie dans nos villages alsaciens..très respectueusement. Fse