Rassurez-vous, je ne vais parler ni du Front National ni du Front de Gauche, ces deux presse-livres de la politique. Une fois n'est pas coutume, je vais citer un passage d'un texte écrit par moi il y a vingt ans et qu'on me pardonnera de trouver d'une certaine actualité.
« En fait on est, comme souvent, passé d'un extrême à l'autre; et comme toujours la faute en incombe au conformisme, à la mode. Je demeure convaincu que ceux qui, dans les années 60, ont été les adversaires acharnés de la contrainte, de l'effort, de la discipline, appartiennent à la même catégorie d'esprits que ceux qui, en 1860, étaient partisans d'une éducation tâtillonne et sévère jusqu'à l'absurde.
Inversement - les mêmes causes produisant les mêmes effets - ceux qui comme moi résistent à la chute de l'autorité, à la tolérance excessive, aux renoncements de tous ordres, à la démagogie érigée en système, ceux-là, dis-je, auraient il y a un siècle rompu en visière avec les partisans de l'obscure, mesquine, et tyrannique autorité.
Les mous de 1990 sont les descendants des durs de 1890, la réincarnation éternelle de l'homme homogène à son temps, servilement empressé à revêtir la livrée de l'opinion dominante. »
Je n'ai pas changé d'avis depuis. Je doute que ceux qui, aujourd'hui, portent l'anti-racisme et l'anti-anti-sémitisme en sautoir eussent été de grands résistants s'ils eussent vécu il y a 70 ans. L'actualité, c'est le moins que je puisse en dire, ne me pousse pas à remettre ce doute en question.
Tous ces petits souverains de la télévision et des autres médias, ceux auxquels je m'en prends ici en stigmatisant leur courtisanerie insupportable, ceux qui dénoncent courageusement les hommes à terre et les esprits véritablement rebelles sont les héritiers directs des censeurs bien-pensants qui ont fait condamner Flaubert, Baudelaire et Zola.
L'avocat général Pinard, qui prononça le réquisitoire contre Madame Bovary, les juges qui condamnèrent Baudelaire et Zola, sont leurs ancêtres. A l'époque ces tristes individus représentaient l'opinion dominante, dont ils n'étaient que les serviles porte-serviette.
Le scandale du monde est ce qui fait l'offense
Et ce n'est point pécher que pécher en silence...
Pour m'en tenir aux Français, les Badinter, Chirac, Naulleau, Bergé, Copé, Désir, Ribes, Delanoë, Barthès, Belkacem, Valls, Hollande, etc., le Nouvel Obs, le Monde, le Monde des Livres, Canal + (ce Tartuffe médiatique qui parvient à mêler porno et morale), et tous les innombrables autres dépositaires exclusifs du bien et de la morale sont des Pinard contemporains.
Leur règne est ausi oppressant que celui des anciennes ligues de vertu et de tous les censeurs qui les ont précédés.
Cachez ce sein que je ne saurais voir !
résistance à leur oppression et la dénonciation de leur duplicité est un devoir sacré pour tous les hommes libres.(*)
(*) Si vous le pouvez, allez à l'adresse ci-dessous. Vous y suivrez un très intéressant monologue d'un des penseurs les plus ostracisés de ces temps, qui par cette raison même, mérite - au delà de ses dérapages fréquents à d'autres moments - qu'on l'écoute avec attention et sans prévention.