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"Un si charmant village" (15)

Je vais pouvoir chausser mes bottes de 7 lieues et sauter par dessus des années durant lesquelles je me suis éloigné du village pour les îles lointaines.

En mars 1989, je fus seul élu sur la liste que je menais et qui s'intitulait, avec une originalité qui n'échappera à personne,  "Agir pour Joigny". Parenthèse : c'est un vrai casse-tête, à chaque fois, que de trouver un titre à une liste; il y en a de mauvais; il n'y en a guère de bons.

Je voudrais en deux mots expliquer comment, accompagné de mon ami conseiller sortant et de toutes celles et ceux qui nous faisaient confiance, je finis par ne pouvoir faire élire qu'un seul membre de notre liste, moi-même.

Depuis plus de deux ans, j'avais fondé une association, l'AJEP, dont la caractéristique était de regrouper, en vue de constituer une équipe municipale compétente et apolitique, des femmes et des hommes de sensibilités différentes.

J'ai toujours pensé, en effet, que la politisation de la vie municipale - et à plus forte raison encore dans les petites communes- était à la fois ridicule et gênante.

Les propositions et les idées bonnes pour nos concitoyens sont à prendre d'où qu'elles viennent, et cette hémiplégie politique que la Ve République a initiée depuis la modification de la Constitution de 1962, instituant l'élection présidentielle en deux tours au suffrage universel, a cassé notre pays en deux blocs à l'intérieur desquels se trouvent des gens ayant tout en commun sauf leur choix du second tour. Cadeau empoisonné de de Gaulle à la France. 

Cette cassure inévitable se retrouve à tous les échelons de la vie publique et paralyse notre pays de sa cellule de base, la commune, jusqu'au sommet de l'Etat. Nous en payons le prix depuis plus de 50 ans.

Dans l'AJEP se trouvaient des femmes et des hommes de droite, du centre et une majorité de personnes non engagées, mais tout simplement désireuses de mettre fin au règne autocratique et stérile du tyran mou.

Tout alla bien durant deux ans; nous publiions un journal qui reprenait nos études et nos propositions pour la commune dont j'assurais la rédaction.

J'avais souhaité que la présidence ne fût pas assurée par moi, mais par une personne neutre et capable à la fois, ce que nous décidâmes.

Hélas ! C'était sans compter sur l'esprit partisan et étroit de certains, qui se révélèrent au fur et à mesure qu'approchait l'échéance des municipales.

Finalement, au grand dam des personnes qui s'étaient sincérement engagées dans cette entreprise de renouveau de la ville, la gauche se replia sur elle même, la partie la plus à droite en fit de même et je me retrouvais seul avec mes amis les plus proches.

Trois listes allaient donc être en lice contre celle du sortant; c'était évidemment l'échec assuré. Ce fut le cas : le sortant fut élu avec 53 % des suffrages dès le premier tour

( Je profite de ce rappel du passé pour réfléchir sur la suite que les gens intelligents auraient dû lui donner. 2O ans plus tard, pourtant, la même faute se reproduisit. Et si je suis bien renseigné, cela risque de recommence dans deux mois, en mars 2014 ! Que de bêtise il faut aux "notables" du village pour ne tirer aucune leçon du passé ! C'est à eux que je pense en parlant du "village des c..." Je persiste et  je signe.

Si l'opposition actuelle va au combat électoral divisée comme cela en prend le chemin par la faute de la stupide obstination de certains vieux citoyens désireux de régler de minables comptes, le maire sortant actuel, bien plus incapable encore et plus partisan que celui qui régnait il y a 25 ans, sera reconduit malgré sa faiblesse et la nullité de son bilan.

Je le connais bien ( nous l'avions placé à un poste subalterne de l'AJEP); c'est un assez brave garçon, qui a eu une action assez utile dans le monde associatif, mais extrêmement limité, soucieux avant tout du bien-être de sa petite personne, sans influence, sans capacité, surpris et ravi d'occuper un fauteuil que rien ne le destinait à conquérir hormis le bêtise et l'étroitesse d'esprit de ses adversaires. Fin de la parenthèse  )

En ce qui me concerne, devant l'inutilité des efforts que ce siège de conseiller isolé m'obligeait à faire au détriment de mon travail et de ma santé, je décidais de m'éloigner du village et partis en effet très loin, en Nouvelle-Calédonie, où j'arrivai un an après les évènements qui avaient ensanglanté ce territoire.

Je ne devais demander à nouveau ma mutation et l'obtenir qu'en 1995.

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