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Clochemerle à Périgueux. L'apéro de la discorde.

Un épisode digne de Clochemerle et dont on devrait rire s'il n'était pas si triste, vient d'émouvoir la petite ville de Périgueux. Il y a des leçons à en tirer.

Le candidat investi par le Front de Gauche, Maurice Meillet, vient d'être démis de son investiture aux élections municipales de mars prochain. Son crime ? Avoir bu l'apéro avec des amis "de droite".

Voici les faits racontés par Monsieur Meillet lui-même :

« On a tracté sur le marché de Périgueux; on est passé par la rue où il y a la permanence (de la droite) . Il y a des amis qui sont sortis et qui m'ont dit : « oh, Maurice ! viens avec nous ! viens boire un coup ! ». Ce sont des amis que je connais depuis 30 ans. Je suis entré, on m'a offert l'apéritif, je ne vois pas où est le mal  ».

Monsieur Meillet ne voit pas ce qu'il y a de "mal" à trinquer avec des amis d'un autre bord politique que lui, mais la coprésidente du Parti de Gauche, elle, Martine Billard, le voit clairement :

« Aujourd'hui, les électeurs sont beaucoup dans cette attitude qui consiste à dire :" les partis c'est tous la même chose, ils sont de connivence"; il est très important que les actes et les discours soient en cohérence.»

Comme si boire un verre avec des amis était "un acte" à signification politique !

Abasourdi par tant de sectarisme qu'il ne soupçonnait pas au sein du parti de Jean-Luc Mélenchon, Maurice Meillet s'indigne :

« Je connais Monsieur Guéna depuis 30 ans. On n'a pas les mêmes idées politiques, mais on a les mêmes valeurs. Est-ce qu'on a le droit, quand on est à droite d'avoir des amis à gauche et quand on est à gauche d'avoir des amis à droite ? »

Il y aurait bien des leçons à tirer d'un tel incident; je me limiterai à deux remarques et à un témoignage personnel.

D'abord, cette responsable politique prétendant faire régner l'ordre dans son parti en interdisant à un de ses membres de boire un coup avec un adversaire politique qui se trouve être un ami avoue sans le faire exprès deux dérives qui pourrissent la vie du pays : la coupure de la France en deux blocs ennemis, alors que tout devrait les rapprocher, et un totalitarisme idéologique délétère et néfaste. Si l'on ne peut être ami qu'avec des gens de son bord politique, on ne pourra bientôt plus épouser un athée lorsqu'on est croyant, un juif lorsqu'on est catholique, musulman ou protestant, etc. C'est la porte ouverte sur le communautarisme et la guerre civile.

Quel ennui si, cédant aux diktats de cette dame, on ne pouvait plus fréquenter et aimer que des gens semblables à soi, qui pensent comme soi !

Ensuite, comment imaginer que le maire d'une commune - puisque Meillet aspire à l'être - puisse ne fréquenter que ses "amis" politiques ? Une fois élu, on est au service de tous, d'accord ou pas avec ses idées, on parle à tous, on se met au service de tous. L'attitude de Mme Billard est profondément antirépublicaine, idiote et dangereuse. Qu'en pense Monsieur Mélenchon dont je doute qu'il puisse l'approuver ?

Enfin je témoigne que j'ai connu cela dans mon village lorsque, en 2002, constituant une liste apolitique ouverte aux compétences et non aux idéologies, j'ai été vu buvant un verre dans un café avec une socialiste qui souhaitait nous rejoindre. Immédiatement des bonnes âmes la "dénoncèrent" et celui qui menait la liste de gauche - et qui se trouve être l'actuel maire - fit grand bruit de son indignation devant une trahison aussi patente...

Je rappelle que ce même individu quelques années auparavant avait fait des pieds et des mains pour faire partie du groupe que je constituais, regroupant des personnes de toutes sensibilités et désireuses seulement de bien gérer la commune ! ( voir article en lien)

Dans l'épisode grotesque que je viens de raconter la bêtise, l'étroitesse d'esprit et la mauvaise foi  allient leurs forces. C'est bien triste.