« Je ne fais pas partie de ce tiers de personnes nauséabond », phrase entendue lors d'un micro-troittoir à Marseille hier.
Peu importe qui traite qui de "nauséabond", même si l'on s'en doute. Ce mot est devenu d'un usage si courant qu'il mérite qu'on s'y arrête un instant.
Littré donne de cet adjectif une définition intéressante :
« Nauséabond, adj. Qui cause des nausées. Figuré : qui déplaît en excitant le dégoût. »
Le brave garçon qui prononce cette phrase est visiblement persuadé qu'il est un parangon de vertu républicaine et qu'il incarne les valeurs humanistes. Protégé par l'armure de la bonne conscience, il prononce une phrase que n'auraient pas reniée les tenants des pires dictatures du siècle passé.
Car enfin de quoi s'agit-il ? De rien de moins que de ravaler au rang d'objets immondes et puants ceux qui ne pensent pas comme lui, et qu'il avoue lui-même représenter un tiers de sa ville, ce qui doit tout de même faire quelques centaines de milliers de citoyennes et de citoyens !
Sereinement, avec cette tranquillité effrayante de ceux qui sont convaincus d'être les gardiens d'une vérité révélée et suprême, il repousse avec dégoût la foule de ceux qui n'ont pas la vraie foi, la sienne.
Encore "repousser" est-il trop doux pour traduire son sentiment profond : puisque ces gens sentent mauvais et sont de répugnants déchets, il conviendrait, pour aller au bout de sa "logique" de les dissoudre dans l'eau de javel ou dans l'acide, de les éradiquer afin que l'atmosphère, enfin, redevienne respirable.
Terrifiant !