VEF Blog

Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 27-02-2014 à 13:43:45

Plaidoyer pour les intermittents du spectacle.

La Sécurité Sociale est gravement déficitaire, on le sait. Régulièrement, sous l'influence de la Cour des Comptes et du Patronat, on cherche, et c'est bien naturel, à serrer les vis et à faire des économies.

Ce qui, au début de la première crise pétrolière, sous Giscard, a été appelé la "chasse au gaspi" est devenu, nécessité aidant, un exercice quotidien du moins en parole.

Dernière mouture de cette lutte acharnée contre les dépenses inutiles : le régime spécial d'indemnisation du chômage des intermittents du spectacle.

A première vue, tout semble évident : alors que tant d'ouvriers, d'employés et de cadres souffrent de la perte de leur emploi et peinent à se réinsérer dans le monde du travail, il semble tomber sous le sens que le spectacle, cette activité futile et superflue en temps de crise, ne devrait pas être traité autrement que le reste du monde actif, voire beaucoup plus sévèrement.

Les démagogues, toujours prêts à glisser sur la vague de l'opinion publique, viennent à nouveau de s'engouffrer dans cette argumentation pour, une fois encore, tenter de remettre en cause le statut spécial des intermittents du spectacle.

Prenant argument de ce qui se passe en Allemagne, en Italie, en Grande Bretagne ou aux USA, ils voudraient que les employés du spectacle français fussent soumis au régime ordinaire d'indemnisation du chômage, ce qui équivaudrait à les jeter à la rue ou peu s'en faut.

Notons tout d'abord qu'hormis les USA où l'industrie - car c'en est une - du cinéma, de la télévision et du spectacle vivant est d'une taille incomparable avec la nôtre et ne peut donc pas servir de sérieuse référence, ni le Royaume Uni, ni l'Allemagne ni l'Italie ne sont parvenus à garder une véritable création artistique et que leur cinéma, entre autres, est mort ou presque.

Le cinéma français, lui, mais aussi le théâtre et la création sont encore bien vivants. Cela n'est pas dû à un miracle français, mais bel et bien à ce système qui, inventé en 1936, perfectionné en 1998 et durci en 2003, garantit aux travailleurs du spectacle un revenu minimum sans lequel ils fuiraient la profession.

L'accord de 2003 entre le MEDEF et les syndicats est plus contraignant, je viens de le dire, que le régime préalable : dorénavant un travailleur du spectacle (artiste ou technicien) doit avoir travaillé 507 heures réparties sur 10 mois ( soit 3 mois de travail à 8h par jour ) pour pouvoir toucher ses indemnités chômage, lesquelles se montent à 1000 euros mensuels.

Certains, qui ne connaissent rien au monde du spectacle, peuvent trouver cela exorbitant. C'est la tendance de la Cour des Comptes et surtout du patronat.

Considérant que le déficit de cette branche a été de 1 milliard d'euros en 2009, ils voudraient tout remettre à plat et ramener ces travailleurs dans le droit commun.

C'est ignorer - ou feindre d'ignorer - qu'un spectacle, par définition et par nature, est une activité qui requiert une énorme main d'œuvre durant un court laps de temps, qu'il ne dure qu'une ou deux saisons et qu'il est suivi par une période d'inactivité inhérente au genre.

Les comptables de la rue Cambon et du MEDEF font comme si l'activité artistique était ordinaire, à temps complet et continu, ce qui n'a jamais été et ne sera jamais le cas.

Certes, il ne faut pas passer sous silence que certaines irrégularités ont lieu, que des abus mal contrôlés entachent ce système et que certaines grandes sociétés du spectacle ( TF1 ou Disney par exemple) abusent des facilités de ce régime spécial.

Mais ces fraudes - qu'il faut sanctionner - ne doivent pas servir de prétexte à une remise en cause globale d'un système qui, depuis tant d'années, permet à la France de demeurer une grande nation de création artistique.

Le milliard d'euros de déficit de cette indemnisation du chômage des intermittents constitue évidemment, en ces temps de disette financière, une manne bien tentante. Mais dans ce domaine, moins encore que dans tout autre, l'étroite logique économique ne suffit pas.

D'abord parce qu'elle est fausse et tronquée : il faudrait prendre en compte les retombées économiques et fiscales de l'activité artistique et calculer avec précision la perte réelle qu'au total représenterait cette prétendue économie.

Ensuite et surtout, le renom de notre pays, sa place dans le monde, l'attractivité qu'il exerce sur un nombre toujours plus grand de populations étrangères seraient abîmés par cette mesurette mesquine et dangereuse. 

 

Commentaires

decapetdepée le 01-03-2014 à 00:07:57
Une sorte de clin d'oeil aguichant au monde des vrais travailleurs au chômage, laissant entendre qu il y a des"sous salariés",des"sous travailleurs"qui ne méritent pas que leur régime soit disant favorable soit maintenu


Un Président exemplaire!


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