Les avocats sont un jour ou l'autre le dernier rempart de nos droits et de notre liberté.
Les conversations qu'ils ont avec leur client sont et doivent demeurer protégées par un secret inviolable.
Certes, la loi prévoit bien qu'un avocat peut être mis sur écoute lorsque lui-même est soupçonné d'un délit ou d'un crime.
Mais à moins de considérer que le seul fait d'assurer la défense de quelqu'un soupçonné de délit ou de crime en fasse un délinquant et un criminel, tout autre emploi de ces méthodes invasives est non seulement amorale, mais parfaitement illégale.
C'est le cas dans la dernière affaire de cette folle semaine : on apprend en effet que depuis des mois les téléphones de Me Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, sont mis sur écoute, et que ces écoutes ont abouti à l'ouverture d'une information judiciaire - une de plus - pour violation du secret de l'instruction et trafic d'influence.
Les plus grands noms du barreau, Henri Leclerc, Hervé Temime, Eric Dupont-Moretti, Jacqueline Lafont, Pierre Haïk, Christian Saint-Palais, soutenus par l'ancien ministre Georges Kiejman et le bâtonnier de Paris Pierre-Olivier Sur ont protesté contre cet incroyable abus de pouvoir et ce dérapage inacceptable:
« Que le secret professionnel, socle de la défense, garantie fondamentale des libertés individuelles dans un Etat de droit, fasse l'objet d'atteintes graves et répétées, menace l'essence même de notre profession d'avocat et son indépendance.
Que les cabinets d'avocats soient aujourd'hui devenus un lieu privilégié dans lequel les juges songent à rechercher les éventuelles preuves des instructions qui leurs sont confiées, suscite l'inquiétude». Nous alertons les pouvoirs publics sur le danger pour la démocratie de telles dérives et sur l'impérieuse nécessité de protéger le secret professionnel, pilier de la profession d'avocat et sans lequel aucune défense ne peut s'exercer. »
Ce président qui jurait - " moi président de la République" - que la justice serait désormais indépendante, cette Garde des Sceaux censée incarner le retour à une justice débarrassée de ses préoccupations politiques et de ses mœurs barbouzardes, cette Gauche garante de la démocratie et de la morale sombrent dans un bien puant marécage.
Mitterrand se régalait dans les caves de l'Elysée en écoutant ses adversaires, ses amis et les jolies vedettes de cinéma.
On a franchi un pas supplémentaire dans la dérive sordide.
RAPPEL DE LA LOI :
Loi no 97-308 du 7 avril 1997 modifiant notamment l’article 66-5 de la loi no 71-1130 du 31 décembre 1971 portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques :
- Art. 66-5. - En toutes matières, que ce soit dans le domaine du conseil ou dans celui de la défense, les consultations adressées par un avocat à son client ou destinées à celui-ci, les correspondances échangées entre le client et son avocat, entre l'avocat et ses confrères, les notes d'entretien et, plus généralement, toutes les pièces du dossier sont couvertes par le secret professionnel.