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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 29-06-2014 à 16:14:40

Cassons le thermomètre !

Incapable de proposer quelque mesure que ce soit qui améliore les performances de l'Ecole française, faute d'idées et de moyens, le nouveau ministre de l'Education Nationale, Benoît Hamon ressort une vielle lune : la suppression de la notation.

 

 

En 40 ans de professorat, j'ai vu ressortir une bonne dizaine de fois cette idée saugrenue qui se veut moderne, et qui n'est qu'une antique audace, usée jusqu'à la corde comme un vilain décor de théâtre. Rien n'est plus grotesque que ces vielles nouveautés présentées comme des pistes fraîches et prometteuses.

Le malheur est que trop souvent les professeurs, les parents et l'administration scolaire, induits en erreur par le concert médiatique superficiel et volatile, s'y laissent prendre et croiraient faire partie des vieux c... s'ils n'y trouvaient pas ce petit frisson révolutionnaire des réformes audacieuses.

Tout cela, j'ai eu maintes fois l'occasion de le dire, est une pitié.

Les notes que les professeurs attribuent aux travaux de leurs élèves, sont une indication de la valeur du travail qui leur est remis, c'est tout. Cette valeur est limitée à un devoir précis et n'augure en rien de celle des travaux qui suivront.

Mais surtout - et c'est là qu'il faut éclairer élèves et parents sans se lasser - la note n'est en aucun cas l'évaluation de l'élève lui-même.

Le but de l'enseignement est évidemment - pardon de devoir le rappeler - de cultiver, de former et de faire progresser les filles et les garçons qui en bénéficient.

Une mauvaise note n'est qu'une étape, certes parfois douloureuse, sur un chemin qui peu à peu conduira à l'amélioration des connaissances et des savoir-faire.

Elle n'est traumatisante que si elle est présentée soit comme une sanction cruelle, soit comme une dégradation de l'auteur du travail ainsi noté.

Certes, je suis opposé au culte de la moyenne, si cohérent à notre époque obsédée de statistiques et de rentabilité. Il ne touche d'ailleurs pas que les élèves, mais de plus en plus les enseignants eux-mêmes.

Pourtant je suis plus certain que jamais que la note attribuée à un travail est, malgré ses inévitables imperfections, la seule sanction équitable et républicaine à la disposition des professeurs et des élèves.

Vouloir la supprimer et la remplacer par je ne sais quel salmigondis de lettres ou de couleurs, voire par rien du tout, est aussi ridicule que de ne pas vérifier son état de santé en cassant son thermomètre.