Autant le dire d'emblée : j'aime bien Henri Guaino, et il y a je ne sais quoi chez cet homme qui me donne envie d'embrasser sa cause.
Certes, il irrite par son soutien inconditionnel à Nicolas Sarkozy dont il connaît sans doute mieux que quiconque les failles et les faiblesses.
Mais dans ce monde de lâcheurs et de traîtres qu'est devenu plus que jamais la politique, sa fidélité - qui n'est pas sans rappeler celle du féal médiéval à son suzerain - ne manque ni de fraîcheur, ni de panache.
Ce dernier mot, d'ailleurs, celui qu'au moment de mourir murmure, le crâne ensanglanté, Cyrano de Bergerac, le caractérise sans doute mieux que tout autre.
Henri Guaino a le tort, impardonnable auprès des grosses têtes de l'ENA, de ne pas faire partie de ce sérail; il a le tort encore plus grand, à une époque où toute vergogne semble avoir disparu, d'avoir la fidélité chevillée au corps; il est enfin coupable, crime des crimes, de n'être pas dépourvu de sens de l'honneur et de courage.
Ces antiques vertus sont bien encombrantes et font beaucoup d'ombre aux renégats qui pullulent autour de lui.
Il y a deux mois, lors de l'élection des députés européens, Guaino a refusé de soutenir la liste UMP d' Île de France, conduite par Alain Lamassoure, avec lequel il se trouve en profond désaccord.
Il ne faut pas oublier qu'en 2005 il avait déjà été de ceux qui avaient appelé à voter non au traité de Maastricht. Logique.
Cette audace a conduit Alain Juppé à demander qu'il quitte immédiatement l'UMP, au nom d'une vision caporaliste de l'appartenance à un parti.
Dévoiement de la pensée du Général de Gaulle au nom duquel Juppé parlait, alors que de Gaulle n'avait pas de mot assez dur pour fustiger, précisément, l'étroitesse de l'esprit partisan.
Voici qu'hier, à Europe 1, évoquant les propos de Juppé sur le nécessaire respect dû aux juges, malmenés par Sarkozy il y a quelques jours, Henri Guaino a explosé :
« Je suis fatigué des leçons de morale de Monsieur Juppé. Je croyais que les épreuves de la vie avaient enfin débarrassé Alain Juppé de cette épouvantable arrogance, de cet insupportable mépris dont il accable tous ceux qui sont en désaccord avec lui. Force est de constater que non.
Monsieur Juppé donne des leçons de morale. Mais qui se souvient de son histoire ? Pour donner des leçons de morale, il faut être exemplaire.»
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Henri Guaino ne pratique pas la langue de bois.
Cela devrait suffire à considérer qu'il ne peut pas être entièrement mauvais.
Commentaires
Je ne suis pas un donneur de leçon, mais il faut se souvenir de l'histoire de France où les juristes non pas toujours été du côté de la liberté,ex. Vichy;lors de la dernière guerre mondiale.Mais il est vrai que les français ont la mémoire courte.