A la fin de l'année scolaire, quand tout se débande, hélas, dans nos collèges et nos lycées et que la discipline est mise entre parenthèses à l'approche de l'été, il était de tradition que les quelques élèves qui résistaient encore et qui, contre vents et marées, continuaient de venir en cours, soient soumis, plainsanterie fine entre autres, au jet de quelques boules puantes.
Une insupportable odeur faite de pourriture et d'oignon fort envahissait alors les couloirs, obligeant les professeurs à se raidir dans leur dignité et à faire mine de ne s'apercevoir de rien, attentifs à ne pas mélanger la solennité du lieu avec ce surgissement intempestif de la violence de la rue.
Cet heureux temps n'est plus, où le souci de la bienséance et de l'amour-propre régissait encore les rapports sociaux.
Voici que l'UMP - c'est d'elle qu'il s'agit pour l'heure, mais ne désespérons pas, le tour des autres viendra sûrement - est parcourue des effluves nauséabonds de centaines de boules puantes lancées par les uns sur les autres et par les autres sur les uns.
Un jour, c'est une dénonciation pour confusion entre les finances privées et celles du parti ( c'est à dire de l'argent public ); un autre jour, c'est la femme du chef soupçonnée d'emploi de complaisance.
Chaque jour, une nouvelle boule vient empuantir notre atmosphère et augmenter notre gêne
et notre malaise devant tant de mesquinerie et de vilennie.
Nos "élites" retombent en enfance et descendent de plus en plus bas.
Pendant ce temps, les Français, dégoûtés, partent en vacances pour respirer un peu d'air.
La rentrée risque d'être morose.