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Titre du blog : Le journal de Frank THOMAS
Auteur : Frank-Marie-THOMAS
Date de création : 20-09-2009
 
posté le 01-10-2014 à 14:36:02

Vive le Sénat !

Il paraît, selon un récent sondage, qu'un Français sur deux serait favorable à la disparition du Sénat.

 

 

 

 

Pour que ce sondage ait une quelconque valeur il faudrait s'assurer des conditions dans lesquelles il a été mené, et de la nature exacte de la question posée. Mais quand bien même serait-il irréprochable de ce point de vue technique, encore faudrait-il, pour que la réponse prétendue des Français  ait du sens, que ceux-ci soient réellement informés de la nature et du rôle de cette ancienne institution.

 

Ah ! bien sûr, si l'on met en avant l'argument démagogique des économies que cette supression entraînerait - et qui ne représenteraient pas même une goutte d'eau dans l'océan des dépenses publiques - on risque fort d'obtenir le genre de réponse que je viens d'évoquer.

La démagogie populiste, de droite comme de gauche, n'est pas avare de ce genre d'arguments à l'emporte-pièce qui ne peut convaincre que les ignorants. Notons d'ailleurs au passage que la gauche, longtemps hostile à l'institution sénatoriale tant que cette assemblée restait majoritairement de droite, s'est bien gardée de la remettre en cause depuis qu'elle en a pris le contrôle en 2012.

 

Depuis 1795, tour à tour Conseil des Anciens, Corps Législatif, Chambre des pairs puis Sénat, la Haute Assemblée a cependant toujours équilibré le pouvoir du Parlement tout comme elle a en permanence joué l'indispensable rôle de contre-pouvoir aux tentations de débordement de l'exécutif.

De Gaulle dut compter durant toute la période de 1958 à 1969 avec cette chambre indocile, dont la figure de Gaston Monerville demeure un exemple pour tous les hommes épris de liberté.

Son irritation devant cette résistance intolérable à ses yeux le conduisit même à en proposer la suppression par le référendum de 1969 qui causa sa chûte.

 

L'idée de réduire le Parlement à une seule assemblée - surtout depuis l'instauration du quinquennat présidentiel,  l'inversion du calendrier électoral et la liaison entre l'élection présidentielle et les législatives -  est une ânerie anti-républicaine.

Le bicamérisme constitué d'une chambre politique élue au suffrage universel et d'une chambre haute élue par 150000 grands électeurs représentant le territoire de la République, est le garant le plus solide des libertés publiques.

 

Cela vaut plus, sans doute, que les minables arguments pseudo-économiques qu'on lui oppose. 

 

   

 

 

 

 

Commentaires

Frank-Marie-THOMAS le 03-10-2014 à 17:55:27
@ fugace


Cet "entre soi " et ces réseaux, parfois maçonniques d'ailleurs, peuvent être vus de deux manières.

Ou bien on les considère comme favorisant les magoulles - et il faudrait être tout à fait naïf pour nier que cela existe - ; ou bien on pense que cette faiblesse quasi inévitable du système est compensée par l'énorme avantage d'une chambre plus éloignée des combats sanglants de la politique, plus sereine, plus sage.

La coupure catastrophique de la France en deux au second tour de chaque élection présidentielle telle que l'a voulue de Gaulle est très atténuée au Sénat, où il n'est pas rare de voir se constituer des majorités changeantes, selon la valeur des textes qui lui sont soumis.

De 1958 à 1969, quoique majoritairement de droite, le Sénat a été une épine dans le pied du Général.

De 2012 à 2014, quoique majoritairement à gauche, le Sénat s'est souvent opposé à la politique de Hollande, Ayrault et Valls.

Cela devrait suffire à le faire respecter.
fugace le 03-10-2014 à 14:35:03
Bonjour,


Toujours en accord avec vous. A mon avis, ce qui est critiqué, s'agissant des grands électeurs, c'est très vraisemblablement l'entre soi et les réseaux, qui vont alimenter des carrières juteuses avant le bien commun.

La caisse grise de 1 300 000 000 d'euros n'est évidemment pas là non plus pour contrecarrer l'idée que l'on se fait de cette institution à dépoussiérer très fortement.