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Universalité et égalité

Les "allocs" sont en passe d'être réformées. On entend tout à ce sujet, et souvent des approximations. Modestement je voudrais apporter mon point de vue de citoyen.

Le principe d'un soutien financier aux parents pour les aider à élever leurs enfants ne va pas de soi. Il est l'une des grandes conquêtes sociales de la République, et il semble heureusement que personne ne veuille y mettre un terme.

Ce principe repose sur celui, plus vaste et plus théorique, d'égalité; là encore je n'entends aucune voix, sur tout le spectre politique, qui s'élèverait contre lui.

D'où vient donc la polémique qui fait rage depuis quelques semaines, et dont la France est si friande ?

C'est que le gouvernement, à la recherche parfois pathétique d'économies à réaliser pour parvenir à faire baisser le montant exorbitant des dépenses publiques, songe à moduler les prestations familiales en fonction de revenus de chaque foyer.

Au nom du principe d'universalité sur lequel est fondé le système des allocations familiales en France, toute une partie de la population proteste, y compris dans la rue, à la perspective de cette réforme qui porterait selon elle atteinte à ce principe d'universalité.

Comme souvent lorsqu'une polémique surgit, fortement et complaisamment relayée par des medias avides de sensationnel, on a tendance à jouer sur la sémantique et à confondre des notions tout à fait distinctes.

En diminuant les sommes versées aux familles riches et aisées pour les aider à élever leurs enfants et en augmentant celles dévolues aux familles modestes ou pauvres, le principe d'universalité n'est absolument pas remis en cause. Il ne le serait qu'en cas de cessation de toute prestation aux premières tandisque les secondes continueraient à en bénéficier. 

Proportionner une aide d'Etat aux moyens financiers des bénéficiaires me semble une mesure à la fois logique et juste.

Je suis suffisamment critique à l'égard de ceux qui nous gouvernent depuis 2012 pour  applaudir pour une fois qu'ils projettent une mesure qui va dans le bon sens. Je reste prudent en disant qu'ils la "projettent", parce que, au vu de leurs nombreuses reculades et palinodies, rien n'assure qu'ils auront le courage d'aller au bout de leur idée.

Ma position repose sur une conviction qui m'anime  depuis longtemps et que j'évoque régulièrement ici ( voir, entre autres, la fin de l'article en lien ) : selon moi l'égalité véritable n'a de réalité qu'à condition d'être aménagée par des compensations qui instaurent un véritable équilibre, à l'instar du handicap des courses de chevaux.

A l'ère de l'informatique, où les services publics connaissent tout de nos ressources et de nos moyens,  serait-il impensable que sur le modèle des impôts sur le revenu, toutes les prestations ainsique toutes les amendes, soient proportionnées à ces moyens financiers ?